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Paris 2024 : qui est Stéphane Ashpool, le designer et basketteur qui va habiller les athlètes français ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Stéphane Ashpool à Paris, en 2020. (ANDREW D. BERNSTEIN / NBAE / GETTY IMAGES)

Le monde de la mode connaissait Stéphane Ashpool comme styliste grâce à sa marque, Pigalle. Il vient d’être nommé directeur artistique pour les tenues des Bleus aux Jeux de Paris 2024. Le designer français va s’atteler à trois types de vêtements : les tenues de représentation - pour les podiums, les visites officielles - mais aussi celles dédiées à l’entraînement et les tenues de compétition. Un véritable exercice, puisqu'il faut coller aux 60 disciplines olympiques et paralympiques, du foot au skateboard, en passant par le tennis-fauteuil et la para-haltérophilie. 

Stéphane Ashpool a 40 ans. Il est né en 1982 à Paris, dans le quartier Pigalle, d'un père sculpteur anglais et d'une mère danseuse bosniaque. Cette dernière est arrivée dans la capitale française grâce à une bourse de l’Opéra de Sarajevo, qui lui avait permis de quitter la Yougoslavie de Tito.

Né dans la danse, il a grandi avec le basket 

De ce fils unique, on comprend qu’il s’est trouvé une route médiane entre la fantaisie des parents et la discipline sportive, en l’occurrence celle du basket. "Ma maman était d'abord à l'opéra, puis elle a dansé dans des compagnies contemporaines. J'étais toujours là aux répétitions, avec tous ces danseurs. Je pense que je me suis imprégné de leur fantaisie", raconte Stéphane Ashpool à franceinfo. "Mais c'était trop exubérant pour un jeune homme."

"Le basket, c'était dans la cour de l'école. Ça m'a plu de jeter ce ballon en l'air, d'organiser des matchs", poursuit le designer. "Déjà à 6-7 ans, c'était moi qui décidait, puisque c'était mon ballon. J'ai commencé à jouer très vite dans ce qu'on considère être le grand club parisien, le Racing. Puis j'ai continué à haut niveau, jusqu'à 18-19 ans." 

"Le basket, ça a rythmé ma vie"

Stéphane Ashpool, styliste

à franceinfo

À ce moment-là, le meneur du Paris Basket Racing trouve que le sport de haut niveau manque un peu de fantaisie. Il gagne sa vie en entraînant des jeunes dans deux clubs, pendant une dizaine d’années. Vers 20 ans, il tente de se raccrocher à la Sorbonne, par un DAEU (Diplôme d’accès aux études universitaires), sorte de voie parallèle ... au cours de laquelle il s’endort pendant un trimestre en médiation culturelle, avant d'abandonner.

Bousculer les codes ... du drapeau tricolore 

Stéphane Ashpool se consacre alors surtout au collectif qu’il a créé, Pain O Chokolat, qui organise des fêtes, des défilés, divers évènements. Son réseau grossit très vite. Il convainc Anne Hidalgo de faire un terrain de basket complètement flashy près de son ancienne école, dans le quartier Pigalle, qui existe toujours.

En 2007, il monte sa boutique sous la marque Pigalle, et crée des vêtements qui sont surtout un prétexte pour faire encore et toujours des défilés, avec des sons de rap, dans la salle Pleyel. Le designer embarque Nike dans l’aventure, devenu très tendance puisque ses vêtements sont portés par Jay Z, Rihanna ou Kylian Mbappé

Avec Paris 2024, celui qui faisait jusqu’ici de la mode et du spectacle "plus ou moins sport" bascule de l’autre côté, vers des vêtements avant tout "pour le sport". On connait déjà la teinte principale : l’écru, notamment pour éviter des teintures trop chimiques. Il a aussi le souci d'une production la plus locale possible en France, mais aussi en Espagne, au Portugal et un peu au Maroc.

Mais pour certaines disciplines, ce n'est pas évident. Le cyclisme sur piste, par exemple, nécessite des tissus très techniques. Le judo a besoin quant à lui de matières tissées au Japon, qu’il faudra ensuite faire homologuer. Le styliste discute avec les différentes fédérations et le Comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris. Mais évidemment, Ashpool est là pour faire du Ashpool. Et donc pour bousculer les conventions.

Futur maire du 9e arrondissement de Paris ?

La discussion, visiblement un peu agitée, concerne sa grande idée finalement validée : "réinterpréter le drapeau français". "Dès que je dis ça, tout le monde saute au plafond. On réinterprète du bleu et du rouge, et si on éclaircit, on met du blanc, donc ça créé des turquoises et des roses. On vient intégrer des teintes pour le rendre un peu plus pop, un peu moins formel. Et surtout, qu'il ressemble un peu plus à la France d'aujourd'hui", argumente Stéphane Ashpool. "Je voulais intégrer du jaune, c'était difficile de faire passer le message : 'Pourquoi on aurait écrit le mot France en jaune?'. Et là, on a des discussions sur un logo en miroir. Mais ça dépend des sports, parce qu'on ne peut pas illuminer son adversaire à travers son maillot dans certaines disciplines, ce qui me paraît normal."

"J'étais là pour pousser les limites, sinon on ne fait rien."

Stéphane Ashpool, styliste

à franceinfo

Pour réfléchir à tout cela, il a aussi rencontré des athlètes l’an dernier, comme la judokate Clarisse Agbegnenou, le boxeur Tony Yoka et l'escrimeur handisport Maxime Valet.

À 40 ans, Stéphane Ashpool a en tout cas déjà une idée pour l’après JO. Son rêve : devenir un jour maire du 9e arrondissement de Paris, qui va de Pigalle à l’Opéra, en brassant des populations très variées. Le programme n’est pas encore très clair, mais il promet déjà d’être "un maire de terrain".   

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