Play offs Basket : qui est Joel Embiid, le nouveau MVP de NBA dont rêvent la France et les États-Unis ?
À 29 ans, le basketteur Joel Embiid vient d’être désigné MVP (Most Valuable Player, meilleur joueur de la saison) de la saison régulière de NBA pour la première fois de sa carrière. Le pivot des Sixers de Philadelphie est aussi le premier français à remporter ce titre - puisqu’il a désormais la nationalité française…. ainsi que la nationalité américaine ! D’où la question qui a surgi, à savoir : pour quel pays il jouera. En attendant, l’annonce de son sacre a été suivie et saluée par toute l’équipe des Sixers : on les voit sur une vidéo postée sur les réseaux sociaux à table, sans doute à l’hôtel, devant la télé. Tous exultent en entendant simplement "Philadelphia sixers". La tête dans les mains, le nouveau MVP semble submergé par l’émotion.
Joel Embiid a d’ailleurs bien failli ne jamais faire de basket. Son père, Thomas Embiid, qui était lui-même handballeur et colonel de l'armée camerounaise avait peur que son fils ne se blesse. À Yaoundé où Joel naît en 1994, il est d’ailleurs orienté d’abord vers le football. Normal, au pays de Roger Milla et Samuel Eto’o ! Mais le Cameroun truste pas mal de podiums aussi en volley en Afrique : et comme il est très grand, ça fonctionne bien aussi en volley. Jusqu'à ce qu'il découvre vraiment le basket, il tombe sur des vidéos du nigérian Hakeem Olajuwon, l'autre africain MVP avant lui, et surtout de son idole : Kobe Bryant. Il a déjà 16 ans, lorsqu’il bascule finalement sur le basket. Au bout de six mois, il est repéré par la star camerounaise de NBA Luc Richard M’bah A Moute, qui organise justement un stage à l’intersaison et qui convainc son père de l'envoyer dans un lycée aux en Floride. É
Joueur complet et infranchissable
Les débuts sont moyens parce qu’il ne parle pas anglais, et qu'on le trouve trop maigre, trop gentil. Mais à 18 ans, à l'automne 2012, il arrive à l’université de Kansas, c'est là qu'il progresse vraiment. Il ne lui manque qu'un shoot, un tir, à longue distance. Il cherche alors sur YouTube : “Comment tirer à trois points”, puis il se ravise : il a raconté au journal Libération qu’il tape finalement dans la barre de recherche " Blancs qui tirent à trois points." Autrement dit : des gabarits costauds comme lui qui cherchaient à tirer des paniers à trois points, ça n'était pas courant. A l'arrivée, cela donne ce joueur complet et surtout infranchissable comme le décrit Jacques Monclar, le consultant NBA de BeIN Sports.
"Depuis Shaquille O'Neil, note Jacques Monclar, on n'avait plus ce profil de pivot, dominant par la force, 2m15, 135 kilos, qui court, manie bien le ballon, tire de loin... Il est complet, il a une masse physique et une force pure qui lui permet d'être l'un des joueurs les plus dominants de la ligue. Et son histoire est belle parce que c'est un personnage truculent, spectaculaire. Il arrive à maturité, il a eu plus jeune quelques déclarations intempestives sur les réseaux sociaux mais il s'est calmé.
"Il est passé de distrayant, attachant, fatiguant à joueur mature ou presque."
Jacques Monclar, consultant BeIN Sportsà franceinfo
Joel Embiid n’a pas été épargné par les blessures. Dès 2014 : juste après avoir été drafté en troisième position par Philadelphie, il se blesse au pied et s'arrête deux ans. Période très douloureuse parce qu’il perd son frère au même moment. Beaucoup se disent que c’est fini. Et pourtant, il revient et gagne sa place de titulaire à Philadelphie. À partir de là, il se fait appeler "The Process" (le processus), en référence à ce long chemin qu'il a dû prendre pour revenir. Il enchaîne six sélections au All-Star Game et finit meilleur marqueur de la ligue ces deux dernières saisons, avec un record personnel dans un match à 59 points.
Ces dernières semaines, son genou a de nouveau lâché. Il a toutefois pu rejouer la nuit dernière 26 minutes dans le deuxième match de la conférence Est, malgré la défaite des Sixers contre les Celtics.
Quant à la grande question : sous quelles couleurs nationales Joel Embiid va-t-il jouer ? Lui dit qu'il hésite. Il a obtenu l'an dernier la nationalité française, puis l'américaine, mais il garde évidemment la camerounaise et on notera qu’il a reparlé, ces dernières heures, de fierté africaine ! Une chose est sûre, pour cet été 2023, le MVP se marie et ne disputera donc pas de mondial fin août. "On garde espoir pour les JO de PAris 2024", dit toutefois Vincent Collet, le sélectionneur des Bleus.
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