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Présidence du Medef : qui est Dominique Carlac’h, l’ancienne athlète qui pourrait déjouer les pronostics ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
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Dominique Carlac'h, candidate à la présidence du Medef, était l'invitée de franceinfo, le 2 mai 2023. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

On connait désormais les noms des deux candidats officiels à la succession de Geoffroy Roux de Bézieux : les deux personnalités qui ont obtenu les 150 parrainages nécessaires. Et face à Patrick Martin, l’actuel Numéro 2, qui a le soutien de la puissante Union de la métallurgie, présenté comme le favori, se dresse une femme. Dominique Carlac'h est une ancienne athlète. Elle est bretonne et proche du président sortant. Elle était déjà la seule femme candidate il y a cinq ans. Seule adversaire de Patrick Martin puisque l'ancien vice-président Pierre Brajeux s'est rallié à la mi-journée. 

L'impact de son grand-père dans son parcours 


Dominique Carlac’h est chef d’entreprise. Elle a 54 ans, elle est née en 1968 à Pontivy, dans le Morbihan. Un côté très sûre d’elle, très moderne, urbaine en dépit d’une enfance près de la terre, et ça n’est pas de la com. Les parents sont mi-enseignants, mi-agriculteurs mais on comprend surtout le rôle central du grand-père agriculteur dans son parcours. "Moi j'ai appris à conduire, le tracteur à l'âge de huit ans bien avant d'avoir le permis de conduire, dit-elle. J'ai un souvenir très précis de la grande sécheresse de 1976. On avait un élevage de 400 moutons et 3000 pintades, mon grand-père était en panique avec la sécheresse. C'est lui qui m'a donné le sens du positionnement stratégique et de la différenciation. Mon grand-père me disait :" tu vois Dominique, tous autour ils ont des fermes et avec la PAC qui est en train d'arriver pour les poulets et les vaches, nous on va cultiver notre différence en allant sur d'autres productions que sont les moutons et les pintades."'

Mais Dominique Carlac’h est aussi une athlète. Il n’y a qu’à la regarder. Elle mesure 1 mètre 84. C’est une nature que son père, prof de sport a très vite repérée. Cette aventure s’est terminée en équipe de France d’athlétisme avec une dizaine d’année au très haut niveau et  a commencé quand elle avait à peu près huit ans. Un mercredi, son père lui a demandé de remplacer une gamine de 5e dans un relai au stade. "J'ai pris le relai du 4X 80 mètres en dernier. On était dernière quand j'ai pris le bâton et on a gagné parce que j'ai remonté toutes les autres filles alors que j'avais plusieurs années de moins qu'elles. Mon père a détecté un talent et s'est dit 'si ça lui plaît, il faut qu'elle y aille. Moi je suis de la génération Pérec, on était en équipe de France ensembles, on avait la même coach qui était Colette Besson, médaillée d'or aux J.O de Mexico en 1968." 

"J'ai eu une dizaine de sélections en équipe de France jeunes mais j'ai eu l'humilité de me rendre compte de mon niveau par rapport à des phénomènes comme Marie-José Pérec. C'est pour cela que j'ai toujours cultivé le double parcours."

Dominique Carlac’h, candidate à la présidence du Medef

à franceinfo

Cheffe d'entreprise à 24 ans 

Le double parcours commencera par un sport-étude à Rennes, suivi d’une hypokhâgne, avant sciences Po à Grenoble. Chaque année, elle se rend aux rassemblements de l’équipe de France à Boulouris ou à Vittel. Sa plus grosse performance c’est cinquième aux championnats du monde à 16 ans sur 400 mètres,  elle est aussi championne de France. Vous allez me dire : c’est la distance de Mari-Jo Pérec ? Mais en l’occurrence, Pérec, à l’époque, était encore sur des distances plus courtes (100 ou 200 mètres). Dominique Carlac’h comprend  qu’elle ne fait pas les chronos de Marie-José Pérec. Elle termine ses études avec un 3e cycle à HEC, en économie industrielle. Elle lève le pied sur le sport et se lance plutôt en entreprise. 

Dominique Carlac’h crée son entreprise à 24 ans, après quelques mois comme analyste à l’OCDE, puis comme consultante en innovation à Grenoble. Elle monte une structure de conseil spécialisée dans l’ingénierie industrielle dans deux secteurs : Santé-agroalimentaire d’une part et énergie-environnement d’autre part. Quant à l’idée de rejoindre le Medef ? Elle germe avec le constat qu’étant entourée d’ingénieurs, de polytechniciens  - qu’elle n’est pas ! – il faut qu’elle se rapproche de son organisation professionnelle  qui est alors l’Association des conseils en innovation. Elle en gravit tous les échelons jusqu’à devenir présidente. Et puis en mai 2013 lors d’une intervention devant le Medef, elle tape dans l’œil de Pierre Gataz qui l’appelle et lui donne notamment pour mission de développer l’entreprenariat grâce au sport. La jonction entre les différentes parties de son parcours est faite. Elle est très engagée dans la candidature de Paris 2024. Elle est d’ailleurs à Lima au moment de l’annonce du choix de Paris. 


En 2018, elle est candidate une première fois à la présidence du Medef mais se rallie à Geoffroy Roux de Bézieux au dernier moment. Comme elle dit : "c’était le bon cheval". Et elle vient de passer cinq ans comme vice-présidente avant de retenter sa chance cette fois, pour gagner dit-elle. Elle défend quelques idées fortes, comme l’"interpatronale",  sur le modèle de l’intersyndicale. "Je ne me ferai pas imposer n’importe quoi par le gouvernement", assure Dominique Carlac’h. Pas question d' index seniors, par exemple. Elle veut aussi incarner l’entreprenariat des femmes. Les deux candidats seront auditionnés le 30 mai avant un vote final le 6 juillet. 

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