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Des propositions étonnantes (voire dangereuses ?) pour limiter la fonte des glaces

Parmi les suggestions pour limiter le réchauffement climatique, certaines sont inédites, comme celle de positionner des toiles géantes dans les fonds sous-marins.
Article rédigé par franceinfo - Mathilde Fontez
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Pour éviter que des icebergs se détachent de la banquise (ici dans l'Antarctique il y a quelques jours), certains chercheurs proposent des expérimentations étonnantes. (JUAN BARRETO / AFP)

2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée. Certains scientifiques proposent d’agir au-delà de la simple limitation des gaz à effet de serre. Ils suggèrent certaines techniques inédites pour réduire le réchauffement. Explications avec Mathilde Fontez, rédactrice en chef au magazine Epsiloon.

franceinfo : Quelles sont les dernières propositions en la matière ?

Mathilde Fontez : D'abord une annonce qui a fait du bruit aux Etats-Unis, après une conférence organisée à l’université de Stanford : déployer des voiles de 100 mètres de haut, sous la mer, près des calottes glaciaires, pour freiner les courants chauds qui viennent grignoter la glace. L’idée est défendue par un chercheur finlandais, John Moore. Mais ce n'est pas la seule proposition : une start-up propose par exemple de déposer des billes de verre sur les glaciers, pour les protéger du soleil. D'autres chercheurs parlent, depuis déjà des années, d’injecter des aérosols dans l’atmosphère, pour former une sorte de parasol artificiel.

Et puis il y a toutes les techniques qui veulent s’attaquer directement au carbone, pour le piéger – pas seulement en plantant des forêts. Par exemple en déversant des fertilisants en mer pour stimuler le phytoplancton, en cultivant des algues à très grande échelle ou en augmentant artificiellement la capacité d’absorption de l’océan avec de la chaux ou avec de l’olivine.

Ces techniques sont-elles crédibles ?

Difficile à dire, on manque d’études solides pour évaluer les effets, qui peuvent être locaux, mais également à grande échelle. C’est bien le problème, parce que ces techniques pourraient, aussi, être dangereuses. Pour le rideau sous-marin et la calotte glaciaire, certains experts disent que l’effet serait infime – en clair, cela ne servirait à rien. D’autres craignent que ce rideau bloque la circulation des nutriments. La culture d’algue pourrait aussi avoir un impact négatif sur les écosystèmes. Quant aux injections d’aérosols dans l’atmosphère, elles pourraient perturber les régimes de précipitation et fragiliser la couche d’ozone.

Pourtant, des projets commencent à être testés ?

Le rideau proposé par John Moore en est seulement à l’étape de la simulation par des modèles mathématiques. Sinon, oui, d’autres techniques commencent déjà à être expérimentées. Le plus souvent, ce ne sont pas des laboratoires académiques qui sont à l’œuvre, mais des start-up ou des associations. Nous en avons recensé 130, qui mènent des expérimentations, à plus ou moins grande échelle, en envoyant des ballons dans l’atmosphère ou en répandant du fer dans l’océan. Avec toutes les questions que cela implique.

Pour aller plus loin : Nature.com (article en anglais).

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