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Télétravail : un bilan mitigé

Le gouvernement vient de recommander deux à trois jours de télétravail par semaine en raison de la 5e vague de coronavirus. Dans le détail, que donne cette pratique ? 

Article rédigé par franceinfo - Mathilde Fontez
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les avis sont partagés sur le télétravail. Beaucoup de pathologies du squelette et notamment du dos se sont déclarées et le bilan carbone est nul selon une étude récente.  (CATHERINE DELAHAYE / DIGITAL VISION / GETTY IMAGES)

Le billet science du weekend avec comme chaque week-end Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine scientifique Epsiloon. Aujourd’hui, on parle télétravail, alors que le gouvernement a recommandé en début de semaine de le pratiquer deux ou trois jours par semaine, à cause de la 5e vague de Covid-19.

franceinfo : Quel bilan pour cette pratique ? Que disent les études ?

Mathilde Fontez : Les études sont nombreuses. Il faut dire que le changement de pratique est d’ampleur. C’est l’un des gros bouleversements provoqués par la pandémie : le nombre de personnes qui télétravaillent régulièrement a été multiplié par 2. Et le bilan est mitigé…

Individuellement, il est positif…

Pas totalement. D’un côté, on stresse moins, on dort jusqu’à une heure de plus par jour, quand on télétravaille. On a plus de temps pour nos proches et pour nous-mêmes. Et on travaille près de 50 minutes de plus par jour qu’en présentiel. On est aussi plus productif : 60% des télétravailleurs se sentent plus concentrés.

Mais de l’autre, le télétravail multiplie par 3 les risques de lombalgie – on est souvent moins bien installé pour travailler chez soi. Il y a les problèmes posés par la fusion de la vie professionnelle et personnelle, ce n’est pas sans conséquences pour le bien-être. Les études pointent aussi un épuisement cognitif. Et il y a le phénomène de "zoom fatigue"…

La fatigue des visios ?

C’est ça : une équipe de psychologues américaines vient de l’étudier. Elles ont suivi pendant 4 semaines 103 employés. Et elles mettent en avant un phénomène assez net, la visio nous met la pression : on se sent plus regardés, plus jugés en réunion en visio, qu’en présentiel. On se concentre davantage sur l’impression qu’on renvoie, et ça nous fatigue. C’est un phénomène qui ne se produit que lorsque la caméra est allumée bien sûr.

Et le pire, c’est qu’il y a une sorte de cercle vicieux qui s’enclenche en visio : comme on est stressé, on a plus de mal à faire entendre notre voix en réunion. On devient inaudible. Et cela augmente encore notre stress.

Et le bilan carbone du télétravail ?

C’est là où les études donnent un résultat assez contrintuitif : le télétravail, en fait, n’est pas si vertueux pour le climat. Sa généralisation aurait un effet modeste, voire nul, sur les émissions de gaz à effet de serre.

D’abord, il y a le poids énergétique des visios : on commence à mesurer aujourd’hui que nos communications à distance ne sont pas sans conséquences, qu’une visio, ou même un mail, c’est un serveur qui tourne quelque part dans le monde, qui doit être fabriqué, refroidi, bref, qui émet des gaz à effet de serre.

Et surtout, il y a nos pratiques : les études montrent que les télétravailleurs ont tendance à s’éloigner de leur lieu de travail, et au final, à augmenter la distance qu’ils parcourent chaque semaine. L’autre effet, c’est qu’ils délaissent les transports en commun, au profit de la voiture – l’abonnement transport devient moins rentable.
Tout ça combiné, ça ramène le bilan à zéro.

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