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Une réplique de la grotte Cosquer pour s'imaginer Marseille à l'ère glaciaire

Une restitution de ce joyau de l'art paléolithique sera dévoilée au public en juin. Fiorenza Gracci, journaliste au magazine "Epsiloon", présente les peintures préhistoriques exceptionnelles dont on pourra contempler les copies.

Article rédigé par franceinfo - Fiorenza Gracci
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Temps de lecture : 2 min
La réplique de la grotte Cosquer à Marseille, le 23 novembre 2021. (CHRISTOPHE SIMON / AFP)

Le billet sciences du weekend s'intéresse, dimanche 2 janvier 2022, à la réplique de la grotte Cosquer dont l'original se trouve dans une calanque de Marseille. Une prouesse technique qui ouvrira au public en juin prochain.

C’est un joyau d’art pariétal qui va être ouvert au public cette année : la réplique de la grotte Cosquer, une grotte submergée ornée de magnifiques peintures préhistoriques et dont l’original était voué à disparaître.

Oui ça va être l’un des événements scientifiques de l’année : au mois de juin à Marseille on pourra enfin visiter une réplique grandeur nature de la grotte Cosquer, 36 ans après qu’un plongeur l’a découverte au fond d’une calanque. Cette grotte, c’est un joyau de l’art du Paléolithique : l’époque où nos ancêtres gravaient au silex et peignaient avec les doigts, il y a 20 à 30 millénaires. Elle compte 2 300 m2 de surface ornée.

On y trouve des chevaux, des bouquetins… Mais aussi des animaux qui ont disparu du paysage comme le bison ou l’antilope saïga, parce qu’à l’époque, la Provence était une steppe froide, peuplée de grand gibier et de pins sylvestres.

Fiorenza Gracci

à franceinfo

Eh oui, c’était encore l’ère glaciaire. Et surtout, c’est très rare dans l’art pariétal, dans la grotte Cosquer il y a des dessins d’animaux marins ! Des pingouins tracés au charbon de bois, des phoques, des poissons, des coquillages…

Pourquoi a-t-on décidé de faire cette réplique ?

D’abord pour en faire profiter le public, parce que l’originale est très difficile d’accès. L’entrée est à 36 mètres de fond, puis il faut remonter une galerie noyée de 116 mètres de long, qui débouche sur deux grandes salles séparées par un étroit passage… Et puis aussi parce que la grotte est vouée à disparaître. La mer est en train de l’avaler. Elle a déjà submergé les 4/5e de sa hauteur, elle monte de 3 mm par an… Certains chevaux ont déjà les pieds dans l’eau… Et un jour, fatalement, ils seront engloutis. Ajoutez à ça la pollution, la menace sismique… Il fallait agir, et vite pour préserver ce témoignage du passé.

Comment les spécialistes ont-ils procédé pour faire cette copie ?

Ça a été un défi technologique. D’abord une équipe a réalisé un double numérique de la grotte, une copie visible à tout moment en réalité virtuelle. Rien que ça, ça a pris huit mois de travail. Les chercheurs et les techniciens ont dû scanner les parois au laser, prendre des centaines de photos, jusqu’à obtenir une sorte de modèle en 3D de l’intérieur de la grotte. Ensuite, une autre équipe a sculpté des blocs de polystyrène et moulé dessus des panneaux en résine, pour restituer les reliefs des parois. Et c’est sur ces reliefs que les images 3D des peintures ont été projetées, pour que les artistes plasticiens les reproduisent à l’identique, à la main évidemment. Au final, ce sont six grandes scènes qui seront exposées dans le sous-sol du musée, sous le niveau de la mer… pour rendre l’expérience encore plus immersive.

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