Biodiversité : les techniques de séduction ont évolué chez les baleines
Des chercheurs très réputés de l’université du Queensland ont étudié durant quasiment 20 ans, les populations de baleines qui évoluent sur la côte est de l’Australie. Ils ont constaté effectivement, qu'en 1997, date du début de l'étude, les baleines mâles misaient beaucoup sur leur chant pour séduire une partenaire. À l'époque un chanteur avait deux fois plus de chances de s’accoupler qu’un non-chanteur.
Mais 20 ans plus tard, la drague acoustique n'a plus autant de succès auprès des femelles. Ce qui fonctionne le mieux désormais pour séduire, c’est le silence, et éventuellement une démonstration de force qui consiste à foncer sur son adversaire. Un mâle non-chanteur a aujourd'hui cinq fois plus de succès qu’une baleine qui continue de chanter comme avant. Pour ces chercheurs, c’est lié au fait que les populations de baleines augmentent, depuis l'interdiction de la chasse dans les années 1960. Le nombre de baleines au large de l’Australie a ainsi été multiplié par sept durant les 20 ans de leur étude.
Et dans un contexte plus concurrentiel, rien de vaut la discrétion. Car si les baleines mâles chantent, ils peuvent être repérés, et donc les concurrents peuvent débarquer.
Pour Olivier Adam, professeur de bioacoustique à l'université de La Sorbonne, l'hypothèse est très pertinente. Ce spécialiste des baleines en avance une autre : les activités humaines, en générant énormément de bruits sous marins, ont peut-être aussi rendu la séduction par le chant moins efficace, moins rentable. Des études montrent en effet que le bruit sous-marin double tous les dix ans.
Les populations de baleines à bosse augmentent
Les populations se rétablissent en Australie et elles augmentent aussi de 6% à 7% par an dans l’Atlantique Nord et le Pacifique Nord. Mais attention à ne pas s’en réjouir trop vite car d’autres menaces planent sur les baleines : le changement climatique, la pêche industrielle, mais également l'exploitation minière des fonds marins. Très peu de recherches ont examiné l'impact que cette extraction aurait sur les cétacés. Or, les sons continus des machines pourraient pourrait les stresser et les désorienter, ont averti ce mois-ci des des chercheurs britanniques de l'université d’Exeter.
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