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Covid-19 : faut-il vacciner les enfants de 5 à 11 ans en France ?

Le vaccin contre le Covid est pratiqué sur les enfants aux États-Unis, en Israël et en Autriche. Olivier Véran, le ministre de la Santé, l’envisage mais pas avant l’année prochaine.

Article rédigé par Olivier Emond
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un enfant vacciné contre le Covid-19 à Jerusalem (Israël), le 23 novembre 2021. (MENAHEM KAHANA / AFP)

Il faudra, pour prendre la décision de vacciner les enfants, notamment avant cela un avis de la Haute Autorité de santé, saisie par le gouvernement, tout comme le Conseil consultatif national d’éthique, un organisme jusqu’ici très peu sollicité par les autorités. Preuve que faire participer les moins de 12 ans à cette campagne n’est pas aussi simple que cela. Et que, comme le disait sur franceinfo l’infectiologue Gilles Pialoux, il faut mener une large concertation avec les Français, à l’image de celle qui avait été mise en place en 2018, quand on a rendu obligatoire les 11 vaccins pour les plus petits.

Aujourd’hui, en France, une seule instance s’est prononcée sur cette question : c’est l’Académie de médecine, qui, dans un avis rendu le 15 novembre dernier, se propose d’ouvrir la vaccination au moins de 12 ans mais uniquement pour les enfants à risque de forme grave, en raison de comorbidité, ou bien pour ceux qui ont dans leur entourage d’autres personnes fragiles. Ce qu’il faut établir avant de décider, c’est le bénéfice-risque de la vaccination pour les personnes concernées.

Pour les enfants, le bénéfice individuel est assez mince. On sait qu’en général, ils développent très peu la maladie et encore moins de forme grave. Sur les 8 800 personnes hospitalisées en ce moment en France pour Covid, il y a moins de 70 enfants de moins de 10 ans. On est loin de la situation américaine où, en raison notamment du taux d’obésité très élevé chez les plus jeunes, obésité qui est un facteur de risque, leur vaccination a un intérêt évident.

Vacciner les 5-11 ans permettrait de réduire la circulation virale

Coté risque individuel, on sait que les vaccins à ARN peuvent entraîner des problèmes inflammatoires chez les plus jeunes, généralement sans facteur de gravité mais, comme le souligne d’ailleurs l’Académie de médecine, il y a eu peu d’enfants testés lors de l’essai clinique du vaccin Pfizer et sans doute pas assez pour détecter de possible effets indésirables sévères et rares. Bilan : au niveau individuel, une balance bénéfice risque pas franchement avantageuse, sauf pour quelques cas précis.

Au niveau collectif, ça peut être plus intéressant. Comme on n’arrive plus, ou quasiment plus à faire avancer la primo vaccination chez les majeurs (il reste plus de six millions de Français qui n’ont reçu aucune dose), protéger les 5-11 ans, qui représentent plus de cinq millions de personnes, cela permettrait mécaniquement d’augmenter le taux de couverture vaccinale et donc de réduire au maximum la circulation virale.

Mais, doit-on faire porter aux enfants la responsabilité de la stagnation de la campagne chez les plus âgés, la responsabilité de l’échec de l’État à convaincre ces millions de récalcitrants, c’est une vraie question éthique.

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