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Espace : ce que veut prouver Pékin au reste du monde avec le premier civil chinois dans l'espace

Pékin vient d'envoyer, dans la nuit du 29 au 30 mai, trois nouveaux astronautes vers sa station spatiale. Et notamment, pour la première fois, un astronaute civil.
Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Gui Haichao, le premier taïkonaute civil. (HECTOR RETAMAL / AFP)

Jusqu'à présent, tous les astronautes chinois envoyés dans l'espace, ou accueillis à bord de cette station spatiale chinoise, faisaient partie de l'armée, et avaient plutôt une formation de pilote. Mais depuis ce 30 mai, la fusée Longue-Marche 2F a fait voler le premier civil chinois. 

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Ce nouvel élu est Gui Haichao. Ce scientifique de 36 ans n'est pas tout à fait un néophyte du secteur : il est professeur d'université spécialiste de l'ingénierie spatiale. Sa mission dans l'espace à 450 kilomètres d'altitude sera de mener des expériences pour étudier la physique quantique, et travailler sur les origines de la vie.Cette ouverture des missions à des civils est pour la Chine une façon de montrer qu'elle se modernise, qu'elle gagne du terrain en maîtrise technologique, et qu'elle peut rivaliser avec les plus grands à l'échelle mondiale.

La Chine joue désormais dans la même division que les États-Unis dans le domaine spatial. Les deux pays sont clairement les deux chefs de file du spatial. La Chine a investi des milliards d'euros pour combler son retard et, depuis l'envoi d'un premier astronaute dans l'espace en 2003, elle fait désormais partie du club très fermé des nations pouvant conduire des programmes de vols habités de façon autonome, elle prévoit désormais de lancer deux missions spatiales habitées par an.

L'Europe spatiale légèrement derrière

Par ailleurs, sa station spatiale (certes quatre fois plus petite que l'ISS), est pleinement opérationnelle depuis l'année dernière. Et les Chinois ont aussi réussi, en 2019, une première mondiale, en envoyant un engin se poser sur la face cachée de la lune. Deux ans plus tard, en 2021, leur technologie a permis de faire atterrir un petit robot à la surface de mars, et désormais la Chine ambitionne d'ici 2030 d'envoyer un équipage sur la lune. Elle concurrence clairement les États-Unis sur ce projet.

L'Europe spatiale se retrouve désormais plus en retrait, d'autant qu'historiquement, elle ne s'est pas construite dans une stratégie d'opposition ou de concurrence comme la Russie face aux États-Unis, ou aujourd'hui la Chine et les États-Unis, explique Xavier Pasco, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique et spécialiste de l'espace.

L'Europe spatiale, s'est davantage construite dans la collaboration et le partage des technologies. Aujourd'hui, son enjeu est de garder sa place dans la cour des grands, en collaborant aux programmes internationaux les plus ambitieux, mais en gardant son autonomie. La Chine se dit ouverte, de son côté, à d'éventuelles collaborations avec des astronautes étrangers, mais on ignore encore quelle serait encore la teneur réelle de ces collaborations.

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