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Espèce menacée d'extinction : pour la première fois des scientifiques vont tenter de faire se reproduire des poissons-scies en aquarium

Une femelle poisson-scie va quitter l'aquarium Océanopolis de Brest pour rejoindre un mâle établi à Montpellier. Pour ce programme inédit de reproduction de cette espèce en danger d'extinction, le transport se fera par la route.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un poisson-scie dans l'aquarium mare nostrum à Montpellier, le 31 mars 2009. (GUILLAUME BONNEFONT / MAXPPP)

Cette tentative de faire se reproduire des poissons-scies en aquarium représente une expérience totalement inédite. Elle est loin d'être anecdotique car ces poissons figurent sur la liste des espèces en danger critique d’extinction, et il n'en existe que quatre spécimens en captivité en Europe. 

Si vous n’avez pas en tête l’image du poisson scie, il suffit d'imaginer une énorme raie, un poisson plat, de trois à six mètres de long avec un rostre, donc un nez aplati et dentelé sur le côté, en forme de scie. En captivité, ces poissons ne sont visibles que dans trois aquariums en Europe. Il en existe un spécimen à Océanopolis à Brest, deux autres à Montpellier et un à Valence en Espagne.

Un transport par la route 

Ces animaux étant protégés, il est interdit de les prélever dans les mers tropicales où ils vivent, mais les scientifiques souhaitent tenter un programme de reproduction afin de conserver l’espèce, et pouvoir l’étudier. Pour se faire, la femelle poisson-scie, actuellement basée à Océanopolis à Brest, sera transportée en octobre jusqu’à l’aquarium de Montpellier pour partager le bassin d’un mâle. Le transport se fera par la route. Le poisson-scie doit en effet être embarqué à bord d’un semi-remorque, équipé d’un bassin de six mètres de long et contenant 20 000 litres d’eau de mer. 


Il n’était pas envisageable de procéder à une insémination plutôt que de transporter ce poisson car les techniques d'insémination nécessitent de manipuler régulièrement les animaux, de leur faire des prises de sang, contrôler leurs hormones, et le cycle ovarien de la femelle. Or, ces poissons longs de plusieurs mètres, et équipés d’un rostre tranchant sont dangereux pour les soigneurs et les plongeurs. L'insémination n’était pas envisageable, selon Dominique Barthélemy, conservateur en charge du milieu vivant à Océanopolis à Brest.

Une expérience similaire à Valence 

Les scientifiques ont donc décidé de tenter un accouplement naturel. Madame se déplaçant chez Monsieur, à Montpellier, car celui- ci possède un bassin plus grand et plus adapté à la vie de couple. Dans le même temps, le deuxième mâle actuellement présent à Montpellier partira lui en direction de l’aquarium de Valence en Espagne, pour rencontrer une autre demoiselle sur place. 

La durée de gestation dure cinq mois, il peut y avoir entre 1 à 10 poissons par portée, mais pour le reste cette expérience comporte beaucoup d’inconnues. Il n’y a aucun précédent de reproduction de poissons-scies en aquarium dans le monde. Une naissance à Montpellier ou Valence serait donc une jolie première scientifique.

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