Grande Barrière de corail : la température de l'eau au plus haut depuis 400 ans

Il n’y a pas que la mer Méditerranée qui bat en ce moment des records de température. À l’autre bout du monde, en Australie, les eaux qui abritent la Grande Barrière de corail enregistrent ces 10 dernières années les températures les plus élevées depuis 400 ans. C’est la conclusion d’une étude publiée dans la revue Nature.
Article rédigé par Olivier Emond
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'état actuel du corail sur la Grande Barrière de corail, au large de l'État australien du Queensland. (GLENN NICHOLLS / AFP)

Pour établir ce constat, les chercheurs, australiens, ont travaillé avec des échantillons de coraux conservés depuis le début du 17e siècle. Ces animaux étant très réactifs à leur environnement, il est possible, en les étudiant, de retrouver les températures dans lesquelles ils ont baigné. Conclusion : si les températures étaient relativement stables avant 1900, les scientifiques ont constaté que la mer s'est réchauffée de 0,12 degré Celsius par an en moyenne depuis 1960 avec une hausse encore plus importante depuis une dizaine d’années.

Avec comme premier effet, très visible, des coraux qui blanchissent

Oui c’est un phénomène bien connu : quand le corail des mers chaudes est soumis à un stress trop important, comme une hausse brutale des températures, il expulse les micro-algues qu’il abrite et perd ainsi sa coloration. Surtout il est fragilisé, il se développe et se reproduit beaucoup moins vite et devient très sensible aux maladies qui peuvent être mortelles. Sur la Grande Barrière, qui est considérée comme la plus grande structure vivante au monde, avec 2 300 km de longueur, ces blanchiments massifs sont observés depuis 1998 avec des niveaux variables. Cette année, par exemple, qui a été particulièrement rude, 81% des coraux de la barrière ont été touchés. Il faudra plusieurs mois aux scientifiques pour savoir quelle proportion pourra survivre mais la répétition de ces épisodes de dépérissement ne pousse pas à l’optimisme, le corail n’ayant pas le temps de s’adapter.

Un impact lourd sur la biodiversité

À elle seule, la Grande Barrière abrite plus de 600 espèces de coraux sur les 800 connus et plus de 1 600 espèces de poissons qui y trouvent refuge et nourriture. Partout dans le monde, ces récifs coralliens sont des sortes d’oasis. Ils ne recouvrent que 0,1% à 0,2% de la surface des océans mais abritent autour de 30% de la biodiversité marine. Ils jouent aussi un rôle de protection des côtes en limitant l’érosion, sans compter l’enjeu économique, pour le tourisme par exemple. Ce sont donc des écosystèmes majeurs qui subissent de plein fouet le dérèglement climatique avec ces hausses de températures mais aussi l’acidification des océans. Sans compter nos pollutions. Cela concerne donc évidemment l’Australie, dont la Grande Barrière est classée au Patrimoine mondial de l’humanité, mais aussi la France qui possède la deuxième plus grande barrière au monde, en Nouvelle-Calédonie.

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