Guerre en Ukraine : le GNL est présenté comme une alternative au gaz russe
Le gaz naturel liquéfié occupe 600 fois moins de place que sous forme gazeuse, mais est plus polluant que celui transporté via les gazoducs.
Pour s'émanciper du gaz russe, qui représente aujourd’hui 40% de la consommation européenne de gaz, l’Europe envisage de plus en plus de se tourner vers les importations de GNL. Le gaz naturel liquéfié est rendu liquide en abaissant sa température à moins 163°C. L'énorme intérêt est que, sous cette forme liquide, il occupe 600 fois moins de place que sous forme gazeuse. Du coup, ça le rend transportable par bateau – par méthanier –, un mode de transport beaucoup plus souple que le gazoduc car il permet d'importer de pays plus lointains. Les trois plus gros exportateurs de GNL dans le monde sont l'Australie, le Qatar et les États-Unis.
Ce GNL venu d'ailleurs pourrait ainsi remplacer totalement le gaz russe acheminé par gazoduc jusqu’en Europe dans l'immédiat. Mercredi 9 mars, la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen a indiqué que l’Europe a acheté suffisamment de gaz naturel liquéfié pour pouvoir se passer de gaz russe jusqu'à la fin de l'hiver. À plus long terme, sur le papier, l'Europe pourrait aussi importer suffisamment de GNL pour compenser.
Pratique, mais plus polluant
Cela nous coûterait très cher à cause de la concurrence sur le marché qui fait monter les enchères. En plus, il faudrait investir car l’Europe manque d'infrastructures, pour recevoir ce gaz liquide, le regazéifier et le distribuer. L'Allemagne, premier marché gazier d'Europe, ne dispose pas de terminaux d'importation de GNL. Chez nous en France, seuls quatre ports peuvent accueillir des méthaniers, et il en faudrait deux fois plus. Bref, dans un contexte de réchauffement climatique, certains s’interrogent sur la pertinence de tels investissements pour du gaz qui est encore plus polluant que le gaz importé par gazoduc.
Le gaz naturel naturel nécessite de l'énergie supplémentaire pour le liquéfier, et le transporter et le retransformer en gaz, ce qui le rend polluant. Cela double l'impact carbone du GNL, par rapport au gaz de gazoduc explique Alexandre Joly, du cabinet Carbone 4, spécialisé dans la transition énergétique.
Par ailleurs, si l’on importe du gaz américain par exemple, il s’agit en majorité de gaz de schiste, donc issu de roches fractionnées. Or, c’est une exploitation critiquée pour son impact sur le sol et l’environnement à cause des fuites de méthane, qu’elle engendre. Bref, le GNL ne peut être qu’une solution partielle, qu’il faudrait coupler avec de la sobriété énergétique, en attendant de développer des énergies renouvelables.
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