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La crème solaire néfaste pour des herbes aquatiques de la Méditerranée

Faut-il mieux réglementer l’usage des crèmes solaires à la plage ? Cette question s’est déjà posée pour protéger les coraux mais des chercheurs se la posent aussi désormais pour protéger certaines plantes aquatiques.

Article rédigé par franceinfo - Anne Le Gall
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Une femme se met de la crème solaire. (FRÉDÉRIC CIROU / MAXPPP)

Des scientifiques de l’université de Barcelone viennent de confirmer que certains  filtres chimiques issus des crèmes solaires peuvent s’accumuler dans les racines des posidonies, des herbes aquatiques de la Méditerranée. Cela les inquiète, car ils redoutent que ces composés chimiques ne perturbent le processus de photosynthèse des posidonies. Or, ces grandes herbes aquatiques que l'on retrouve sur 12 000 km2 en Mediterannée, jouent un rôle essentiel : elles abritent des poissons, servent de nourriture aux oursins, stabilisent les sédiments et surtout, elles oxygènent les fonds marins .

Cette pollution chimique retrouvée dans les posidonies vient forcement des crèmes solaires car les chercheurs espagnols ont étudié un composé chimique en particulier : l'oxybenzone, bien connu comme filtre anti-UV en cosmétique. Il a déjà été mis en cause pour sa toxicité sur les coraux. Certes, dans la mer tous ces filtres sont dilués mais dans les zones touristique, c'est grave. Cette étude menée aux Baléares prouvent que l'accumulation dans l'environnement est possible. Ce qui n'est pas tellement étonnant car d'autres études ont montré que 25% de la quantité de crème étalée sur le corps se dilue dans la mer au bout de 20 minutes de baignade.

On ne peut interdire les crèmes solaires

Il n'est pas question de s'en passer quand on sait qu'entre 50 et 70% des cancers de la peau sont liés à une surexposition aux rayons solaires. Mais il faut approfondir les recherches sur l’impact environnemental des filtres anti-UV. Tous ne sont pas en cause. À ce stade les études prouvent la toxicité de quatre d’entre eux sur  les coraux. Quatre sur une trentaine de filtres existant sur le marché en France, explique Didier Stien, directeur de recherche à l'Observatoire océanologique de Banuyls.

Tous les types de filtre solaire n’ont pas encore été étudiés mais la solution viendra sans doute d’une meilleure  sélection des ingrédients utilisés par l’industrie cosmétique. Certaines régions du monde ont d'ailleurs déjà franchi le pas de l’interdiction de certains composés dans les crèmes solaires. Hawaï et les îles Palaos dans le Pacifique ont déjà décidé d’interdire l’importation et la vente de crème solaire contenant notamment de l'octocrylène, de l'oxybenzone, ou certains parabens jugés nocifs pour la biodiversité. Les contrevenants risquent plus de 800 euros d’amende. 




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