La salive d'une larve, future solution dans le recyclage du plastique ?
Une larve de papillon, la Galleria mellonella, au coeur d'une étude espagnole publiée dans la revue "Nature" sur les propriétés de sa salive, capable de dégrader rapidement certains plastiques. De quoi ouvrir des perspectives dans le recyclage des emballages.
La salive d'une larve de papillon capable de dégrader rapidement certains plastiques, comme le polyéthlène, au point d'être utilisée dans des déchetteries ? Une improbable solution de recyclage qui prend sa source dans le jardin d'une chercheuse espagnole, qui a publié, avec son équipe, ses travaux début octobre dans la revue Nature.
Larve dévoreuse de plastique
L'apicultrice amateure repère ces larves en nettoyant des rayons de cire dans ses ruches. Quand elle met la Galleria mellonella, surnommée la fausse teigne de la cire, dans des sacs en plastique, elle remarque qu'ils se percent de petits trous. Elle et son équipe du centre d'études biologiques Margarita Salas de Madrid, apportent alors la preuve que c'est bien la salive de ces vers de cire qui dégrade le plastique. On est alors en 2017.
Cinq ans plus tard, les derniers travaux détaillent le processus chimique de cette salive. Les chercheurs montrent, par des tests en laboratoire, que ce sont précisement deux enzymes de la salive qui réussissent l'exploit d’oxyder le plastique à température ambiante et au bout de quelques heures seulement. Normalement, ce processus d'oxydation ne se produit qu'à température élevée ou alors après de longue exposition au soleil, mais cela prend des années.
Pour accélérer ce processus, cela fait plus de dix ans que la recherche internationale travaille sur des enzymes et ce recyclage chimique a déjà connu des succès. Mais ici, selon ces chercheurs espagnols, ces enzymes du ver de cire sont à ce jour "les enzymes animales dotées de la capacité d’oxydation du plastique la plus rapide du monde."
Une utilisation en déchetterie ?
Il va encore falloir beaucoup d'expérimentations, mais ces chercheurs imaginent tout à fait que ces enzymes de salive d'insectes puissent être intégrées, par exemple à des solutions liquides pour arroser le plastique en déchetterie et accélérer leur dégradation. Et en attendant, il y a quand même urgence à repenser notre usage des emballages, puisqu’en France nous ne recyclons que 30% du plastique. Seulement 10% à l'échelle mondiale.
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