Le billet sciences. Covid-19 : une étude sur l'humour (parfois noir) pendant la pandémie
Depuis un an et demi, on ne fait pas qu'en pleurer, on rit aussi beaucoup du Covid-19. Les blagues, les dessins humoristiques sur internet s’échangent sur les réseaux sociaux, d’un téléphone à l’autre.
Elle s’appelle Giselinde Kuipers. Elle est sociologue, néerlandaise et travaille à l’université de Louvain en Belgique. Sa spécialité, c’est l’humour. L’an dernier, pendant le premier confinement, elle était bloquée chez elle et s’est dit : "Et si j’étudiais toutes les blagues que j’entends, que je vois sur internet ?"
Toutes celles qu’on a pu faire en France par exemple sur les personnes qui se jetaient sur le papier toilettes et les pâtes dans les supermarchés, ceux qui faisaient du pain, ceux qui grossissaient, victimes du "confisement", les sketchs aussi sur le télétravail. Et puis ensuite, toutes les blagues sur le port du masque et sur les vaccins. Bref, Giselinde Kuipers s’est dit qu’elle avait là un filon à étudier. Elle avait déjà étudié les blagues liées au 11 septembre 2001, mais elle n’avait réussi à en collecter qu’une centaine. Là, elle a demandé l’aide des internautes. Avec l’université d’Amsterdam, elle a ouvert une page internet où n’importe qui peut lui envoyer une blague, une vidéo, un dessin lié au Covid. Dans une trentaine de langues, en français, vietnamien ou hébreu. Cela lui permet de voir si on rit différemment selon les cultures. En tout, Giselinde Kuipers a récolté déjà 12 000 blagues.
Au fil du temps, l'humour noir gagne du terrain
Premier constat de la chercheuse : tout le monde a eu besoin de rire de la situation, aussi dramatique soit-elle. Ça répond à plusieurs besoins. Déjà, c’est un moyen de pouvoir s’exprimer sur l’épidémie, un sujet qui occupe l’esprit de tout le monde… moyen de partager cette expérience nouvelle, d’être dans du collectif, c’est plus rassurant, Ensuite, l’humour permet d’établir une distance avec quelque chose de tragique, d’être moins affecté, cela permet de gérer ses sentiments (comme la peur ou la panique).
La sociologue constate que dans de nombreuses circonstances, l’humour évolue depuis un peu plus d’un an, il devient plus noir. Il prend des formes différentes en fonction des outils disponibles, comme les réseaux sociaux. Il y a désormais l’humour TikTok par exemple, plus musical, plus dansant. La chercheuse devrait bientôt publier les résultats complets de son étude.
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