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Les Français pas assez préparés au risque nucléaire

C'est le constat de la dernière enquête de l'Anccli, Association des commissions locales d'information de nos sites nucléaires. 75% des habitants proches des centrales n'ont pas récupéré leurs comprimés d'iode. 

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Centrale nucléaire de Cattenom (Moselle). Photo d'illustration. (VIANNEY SMIAROWSKI / FRANCE-BLEU CHAMPAGNE / RADIO FRANCE)

Nous sommes le pays le nucléarisé au monde. Pourtant la culture du risque nucléaire n’est pas assez développée chez les Français. C’est le constat que dressent les élus locaux des centrales dans une enquête revélée mardi 4 mai. Pourtant, tous les Français vivent à moins de 200 km d’un site nucléaire, et selon un sondage, 78% des personnes interrogées ne savent pas ce qu’elles doivent faire en cas de catastrophe industrielle ou naturelle.

Il faut dire que les exercices de crise, les campagnes d’information sur les comportements à tenir ne concernent qu’un peu plus de deux millions d’habitants, ceux qui vivent dans un rayon de 20 km autour des centrales. Mais même là, il y a un manque de préparation. Pour preuve, dans cette étude, l’Anccli révèle que seulement un quart d’entre eux ont reçu leurs comprimés d’iode lors de la dernière campagne de distribution. Un constat déjà fait par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) lors d'autres campagnes.

Les comprimés ou pastilles d’iode doivent être pris en cas d'accident. C’est une façon de saturer la thyroïde des habitants en iode stable afin d’éviter que l’iode radioactif respiré ou ingéré ne se fixe sur leurs organes. Il s’agit d’un médicament qui ne se prend que sur les consignes des autorités. C’est un enseignement sanitaire qui a été tiré de la catastrophe de Tchernobyl il y a 35 ans, puisque l’une de ses conséquences a été l’explosion du nombre de cas de cancers de la thyroïde en Ukraine et en Biélorussie.

Depuis 1997, des campagnes de distribution de comprimés se font régulièrement pour permettre aux écoles, aux maisons de retraite, aux entreprises et aux habitants d’en disposer à tout moment. Mais 75% des habitants concernés ne sont pas allés les chercher en pharmacie lors de la dernière campagne. Une campagne qui a pourtant coûté 5 millions d’euros à l’opérateur EDF.  

L'Anccli veut diffuser la culture du risque

Selon l’Anccli, si les habitants ne sont pas allés chercher les pastilles c'est parce que les adresses ne sont pas à jour ou mal renseignées. Mais il y a aussi parfois une absence de motivation des habitants à se préparer à la crise. Par exemple, en 2011 près de la centrale de Gravelines (Nord), beaucoup ne sont pas montés dans les bus pour simuler l’évacuation de quartier. Mais les offices du tourisme accueillent rarement les visiteurs avec des informations sur le comportement à avoir en cas d'accident !

Aujourd’hui, les élus locaux membres de l'Anccli s’adressent à l’Etat pour lui demander des exercices plus réguliers, l’implication des mairies dans la distribution d’iode comme elles le font avec les masques et les vaccins. Pour eux, la crise du Covid leur a montré qu’il peut y avoir une grande défiance à l’égard des experts des agences nationales et qu’ils sont en première ligne pour faire adopter les gestes barrières. Pour le président de l'Anccli, Jean-Claude Delalonde, "le risque nucléaire ne doit pas être un tabou. Contrairement au coronavirus, on pourra pas dire que l’on ne savait pas ce qu’il fallait faire".      

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