Lutte contre le cancer : une molécule, dérivée d'un colorant textile, s'attaque aux cellules cancéreuses
Une molécule dérivée d’un colorant textile pourrait se transformer en futur traitement contre le cancer. Une équipe franco-suédoise de chercheurs a mis au point une nouvelle molécule qui s’attaque aux cellules cancéreuses sous l’effet de la lumière. Celle-ci s’accumule spécifiquement dans les cellules cancéreuses et devient ensuite toxique au contact de la lumière.
Des molécules similaires sont déjà utilisées depuis une vingtaine d’années à l’hôpital pour traiter certains cancers de la peau, du cou ou de la vessie. "Ces traitements font partie des thérapies photodynamiques", explique Cyril Monnereau, enseignant, chercheur CNRS à Lyon, l’un des auteurs de ces travaux.
Cette nouvelle molécule est beaucoup plus efficace que les molécules existantes, ce qui permettrait de réduire les doses de traitement par 10 ou par 100 par rapport aux traitements actuels, et donc de minimiser les effets secondaires. Les tests réalisés en laboratoire sur des cellules humaines, ainsi que les tests in vivo sur des embryons de poissons-zèbres sont très prometteurs.
Des chercheurs ont modifié la structure de cette molécule
Un traitement photodynamique est efficace sous l'effet de la lumière parce qu'il utilise les propriétés de certaines molécules qui, lorsqu'elles reçoivent un photon, autrement dit de la lumière, elles se trouvent déstabilisées par un surplus d'énergie dont elles ne savent pas quoi faire. Par réflexe, elles transmettent ce surplus d'énergie à des molécules d’oxygène autour d’elles, et ces molécules d’oxygène deviennent alors toxiques pour les cellules cancéreuses.
Cette nouvelle molécule est dérivée d’un colorant pour textile. Au départ, c’est un ingrédient utilisé pour fabriquer des teintures jaunes. On en produit plusieurs tonnes par an. Des équipes de chimistes du CNRS de Lyon et Angers, et de Corée du Sud se sont intéressées à elle, car comme tous les colorants, elle est sensible à la lumière. Ces chimistes ont eu l’idée de légèrement modifier la structure de cette molécule de teinture jaune pour voir si on pouvait la recycler en médicaments qui s’activent à la lumière.
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Ils ont eu la bonne surprise de constater que de très petits changements suffisaient pour que cette molécule devienne un potentiel médicament photosensible qui pourrait donc s'avérer plus efficace que les traitements de la même famille que l’on connaît. Il va falloir maintenant passer la phase des tests de toxicité et d’efficacité et attendre encore plusieurs années pour de possibles essais cliniques chez l’homme. Cette découverte est prometteuse, car elle apporte du renouveau dans un domaine de la cancérologie qui n’avait pas connu d'évolution récente.
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