Automobile : le patron de Stellantis s'oppose à un report des règles européennes sur les émissions de CO2

Alors que le marché des voitures électriques n'est pas au meilleur de sa forme, un lobby européen a demandé un report de deux ans des objectifs CO2 prévus en 2025. Carlos Tavares, PDG de Stellantis, s'y est vivement opposé dimanche.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le PDG du géant de l'automobile Stellantis, Carlos Tavares, lors d'un déplacement dans la province du Zhejiang, dans l'est de la Chine, en mai 2024. Illustration. (- / AFP)

"Il serait surréaliste de changer maintenant les règles" européennes sur les émissions de CO2 comme le demandent certains constructeurs, a fustigé le PDG de Stellantis Carlos Tavares. Le propos sans ambiguïté a été tenu par le patron du deuxième constructeur automobile européen lors du concours d’élégance automobile de Chantilly, dans l'Oise. Dimanche 15 septembre, Carlos Tavares a profité de ce rendez-vous qui réunit,  tous les deux ans, les amoureux de belles cylindrées, dans le Val d’Oise, pour lancer un pavé dans la marre et marquer sa différence avec ses grands concurrents européens.

Contraintes européennes

La querelle porte sur les mesures imposées par l’Europe concernant la mise en place des normes anti-pollution. À partir de 2025, Bruxelles menace les constructeurs automobiles de lourdes amendes s’ils ne vendent pas plus de modèles électriques. Les groupes concernés réunis au sein de l’ACEA, l'Association des constructeurs européens automobiles (comprenant Renault, Toyota ou Volkswagen), font pression pour reporter cette échéance. Le patron de Stellantis, qui a décidé de faire cavalier seul depuis fin 2022, peut se permettre de ruer dans les brancards : "Tout le monde connaît les règles depuis longtemps. Tout le monde a eu le temps de se préparer, donc, maintenant, on fait la course."

En réalité, il faut y voir un mélange de réalisme et de résignation face à la concurrence de plus en plus vive. Carlos Tavares répète depuis des années que les voitures électriques ne se vendront pas si elles restent trop chères, ce qui s’avère exact quand on voit les chiffres du marché. Les achats des voitures électriques peinent à décoller, mais aujourd’hui, impossible de faire marche arrière. "Maintenant, on a les bagnoles, on a construit et on s’est organisés pour faire les ventes nécessaires", dit-il, sous-entendant que si on voulait freiner, il fallait y penser avant.

Une nouvelle donne

Le patron de l’ancien PSA-Peugeot-Citroën, désormais groupe franco-italo-américain (après rapprochement avec Fiat et Chrysler), joue la carte de la franchise et met la Commission européenne devant ses responsabilités. Alors qu'il s'était longuement opposé à la mise en place de règles trop contraignantes quant aux normes antipollution, il estime avoir joué le jeu. "Le dogmatisme s'est brisé sur le mur de la réalité", résume-t-il en parlant des décisions européennes. Vous avez voulu des voitures électriques à tout prix, aujourd’hui vous les avez… fut-ce au prix d’une casse sociale qui est en train d’apparaître dans le secteur.

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