Décès de l’ancien patron de Total : comment Thierry Desmarest a transformé le groupe

Thierry Desmarest, décédé mercredi 10 janvier, a fait rentrer le groupe Total dans le Top 5 des compagnies pétrolières à l'échelle internationale, derrière Exxon Mobil, Shell, BP et Chevron. Il fut ce qu'on appelle "un capitaine d’industrie". Polytechnicien, ingénieur du Corps des Mines, il arrive chez Total en 1981 et en devient président-directeur général en 1995. Il restera PDG du groupe jusqu’en 2010, date à laquelle il passe la main à Christophe de Margerie, disparu dans un accident d’avion à son décollage de l’aéroport de Moscou, un dimanche soir de 2014.

Thierry Desmarest a transformé le groupe Total en multinationale du pétrole à force de rachats. Il réussit particulièrement deux coups de maître. D'abord la fusion, amicale, avec le groupe belge Petrofina en 1999. Puis l'Offre publique d’achat (OPA), hostile cette fois, sur Elf Aquitaine alors numéro un français du secteur. La bataille boursière dure neuf semaines.

L’année 1999 reste marquée par un événement hors norme : le naufrage de l’Erika au large des côtes bretonnes et la marée noire qui s’ensuit. La critique retiendra une gestion froide et technocratique du dossier par Thierry Desmarest qui, deux ans plus tard, en septembre 2001, sera confronté à une autre catastrophe avec l’explosion de l’usine AZF de Toulouse.

Dans la seconde moitié des années 90, la course à la taille devient une condition de durabilité pour l’industrie française face à la concurrence internationale. Cette croissance externe est menée alors que les questions écologiques et de Responsabilité sociale et environnementale des entreprises (RSE) ne sont pas ce qu’elles sont aujourd’hui. L’évocation du parcours de Thierry Desmarets à la tête de Total signe les changements stratégiques intervenus ces 20 dernières années.

TotalEnergies : un nouveau nom pour marquer une évolution

Le 28 mai 2021, Total devient TotalEnergies, le groupe s’oriente vers les nouvelles sources d’énergie : le gaz, l’électricité et l’hydrogène. D'ailleurs TotalEnergies est en train de revendre progressivement ses stations-service aux Canadiens pour se préparer à financer l’inéluctable transition vers les renouvelables.

D’évidence, Thierry Desmarest et l’actuel patron du groupe, Patrick Pouyanné, ne font plus le même métier. Le Desmarest extensif a laissé la place au Pouyanné transformateur. Pointé du doigt, notamment pour ses profits colossaux réalisés pendant la crise, TotalEnergies est aujourd’hui implantée dans 130 pays et emploie quelque 100 000 salariés dont un quart en France.