La France dépense désormais plus que l’Espagne pour rembourser sa dette

Ce qui était une crainte devient réalité, la bascule a eu lieu jeudi. C’est la revanche des pays du sud de l’Europe, qui ont fait des efforts budgétaires et de dépenses publiques.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le ministère de l'Économie et des Finances, à Paris, en avril 2024. (ARNAUD DUMONTIER / MAXPPP)

C’est une première depuis 18 ans, depuis novembre 2006 précisément. Le coût de la dette de Paris est, depuis jeudi 26 septembre, supérieur à celui de la dette de Madrid. C’est le taux de remboursement à dix ans qui est concerné, soit la principale échéance de remboursement de notre dette publique. Il n’y a qu’un petit 0,2% de différence, mais c’est significatif. Le taux de remboursement de la dette française est aujourd’hui de 2,97% contre 2,95% pour l’Espagne.

Pourquoi prendre l’Espagne comme pays de comparaison avec la France ? Parce que ce pays partait de très loin. Plus loin que la France en termes de situation économique, à l’image d’autres États du sud de la zone euro, comme la Grèce. Madrid a gagné la bataille de l’inflation et reprend le chemin de la croissance (3% au deuxième trimestre pour l’Espagne, alors que la France peine à atteindre 1%). Quant à l’Allemagne, présentée comme le moteur économique européen, elle n’est pas non plus au meilleur de sa forme. C’est la revanche des pays du sud de l’Europe qui ont fait des efforts budgétaires et de dépenses publiques, car ils avaient réellement le couteau sous la gorge après les différentes crises financières. Cela paie aujourd’hui.

Alerte sur la "signature" France

La France était meilleure élève que les pays du sud de l’Europe, mais peut-être pas assez inquiétée et mise sous pression. Bien sûr, il y a eu les milliards dépensés pendant la crise du Covid pour soutenir notre économie, mais parallèlement, la France a continué de rouler à tombeau ouvert en matière de dépenses pour assurer le fonctionnement de l’État. L’inversion de tendance aujourd’hui s’explique par l’ampleur de nos déficits, ajoutée à l’instabilité politique. Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, et avec la situation chaotique de cette rentrée, les investisseurs (ceux qui nous prêtent l’argent pour rembourser notre dette) doutent de notre capacité à régler les problèmes à court terme.

Pour l’instant, les agences Moody’s et Standard & Poor’s se taisent sur les possibles conséquences de cette situation sur la notation de la France et de sa capacité à rembourser sa dette. La "signature France" reste solide, mais commence à s’effriter sérieusement.

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