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L’A380 d'Airbus a-t-il du plomb dans l’aile ?

Le programme Airbus A380 est-il menacé ? Le sujet n’est pas nouveau. L’avion n’a pas réussi à s’imposer sur le marché international et, vendredi 1er février, une annonce de l’avionneur européen n’a fait que renforcer les inquiétudes

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le 1er juillet 2017, le premier Airbus A380 d'Emirates atterrit sur l'aéroport de Nice-Côte d'Azur, en provenance de Dubaï. (LAURENT VAREILLE / FRANCE-BLEU AZUR)

Airbus annonce être en discussions avec la compagnie aérienne du Golfe, Emirates, au sujet de sa commande de 36 appareils d'A380, le très gros porteur et vitrine d’Airbus. Ce lourd quadriréacteur peut embarquer entre 500 et 700 passagers, un village volant. C’est le concurrent direct du Boeing B777, biréacteur plus léger, moins gourmand en carburant. Ces 36 appareils A380, dont une dizaine en option, commandés début 2018 donnaient à Airbus une visibilité pour au moins dix ans de travail. Si Emirates venait à reconsidérer sa commande – la compagnie serait désormais plutôt preneuse d’A350 plus petits –, cela pourrait être le coup de grâce pour le super-jumbo européen.  

Pourquoi l’A380 se vend-il mal ?  

Lancé en 2000 et entré en service en 2007, l’appareil a vu son carnet de commandes plafonner et le groupe a dû réduire les cadences de production. Il y a eu une série d’avaries techniques, notamment sur moteur. Et puis, il y a la taille de l’avion. Elle en impose, mais pour permettre aux compagnies clientes de rentabiliser les vols, il faut que les appareils soient en pleine capacité, c’est-à-dire qu’ils décollent avec le plein de passagers, ce qui n’est pas évident sur de nombreuses liaisons malgré l’engorgement des grands aéroports internationaux. Ce qui est vrai vers l’Asie et le Golfe persique, qui ont besoin de grosses capacités, l’est moins sur d’autres destinations.

Même volonté chez Air France

Il a y trois mois, la direction d'Air-France-KLM précisait qu’elle aussi voulait réduire sa flotte d’A380, pour passer d’une dizaine à cinq appareils. Ce quadriréacteur géant est vraiment considéré comme le vaisseau amiral qui a permis à Airbus d’asseoir sa stature de géant de l’aéronautique, mais sans le transformer en succès commercial.

L'avenir de l’A380 est-il vraiment menacé ?   

Compte tenu de la croissance du trafic aérien dans le monde – il double tous les 15 ans –, Airbus avait fait le pari que l’A380 finirait par s’imposer. L’équation paraît de plus en plus compliquée. Airbus pense avant tout à la Chine qui devrait passer devant les Etats-Unis en 2022 comme plus grand marché mondial du transport aérien. L’Afrique, plus tard ? Aujourd’hui, le carnet de commandes d’Airbus en A380 approche les 90 appareils (près de 390 millions d'euros l'unité au prix catalogue). Tomber en-dessous de ce niveau compromettrait réellement le programme. On en saura probablement plus lors de la présentation des résultats annuels d’Airbus. Le patron du groupe, Tom Enders, donne rendez-vous le 14 février prochain.

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