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Le brief éco. ArianeGroup doit faire des économies pour sauver Ariane 6

ArianeGroup lance un plan d’"amélioration de la compétitivité". Il doit être mené sans départs contraints mais 2 300 postes pourraient être supprimés. La concurrence est très forte au niveau des lanceurs de satellites.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Maquette d'Ariane 6 au Salon de l'espace à Berlin (Allemagne). (AFP)

ArianeGroup, qui produit la fusée Ariane, pourrait supprimer 2 300 postes d’ici 2023. Dans un contexte industriel compliqué et de concurrence accrue, l’objectif est d’éviter un plan social. Le plan qualifié d’"amélioration de la compétitivité" doit être mené sans départs contraints.

Ces trois dernières années, ArianeGroup avait pourtant recruté jusqu’à 1 500 personnes pour faire face aux besoins liés au développement du programme Ariane 6, successeur d'Ariane 5 et dont le premier vol est prévu pour 2020. Seulement voilà, ArianeGroup (co-détenu par Airbus et Safran) doit assumer une baisse des cadences de productions qui n’était pas prévue. Bref, il lui faut réduire drastiquement les coûts de production.

Un marché en profonde mutation

Le marché des satellites est dans une phase de transition et la concurrence mondiale fait rage avec de nouveaux opérateurs. Chacun essaie de se placer sur les futures constellations satellitaires. Pour l’Europe, c’est le programme Galileo, plus performant que le GPS américain. Les européens ont décidé de développer Ariane 6, présenté comme plus compétitive, pour résister à l’arrivée des nouveaux concurrents. Mais le bébé n’a reçu à ce jour que trois commandes institutionnelles de la part des pays européens.

Là où toutes les grandes nations (Etats-Unis, Chine, Russie, Inde et Japon) réservent leurs missions institutionnelles à leurs propres lanceurs nationaux – et en fermant leur marché à la concurrence étrangère –, il n’en est rien sur le Vieux Continent. La préférence européenne a du mal à s'imposer malgré les mesures prises au sein de l’ESA, l'Agence spatiale européenne, pour la promouvoir. Résultat des courses, le milliardaire américain Elon Musk, créateur de la société de lanceurs Space X, se frotte les mains en voyant arriver des clients européens à qui il peut proposer des prix cassés puisqu’il est aidé par les financements publics américains.

Redevenir leader

Arianespace, l'opérateur chargé de commercialiser les lanceurs fabriqués par ArianeGroup, peut-il redevenir leader sur le marché comme c’était le cas il y a peu de temps encore ? Pour s’imposer de nouveau, l’Europe spatiale doit gagner en agilité, simplifier et rationaliser le coût de ses structures. Par ailleurs, un engagement plus fort d'un plus grand nombre de pays de l'Union, et de leurs acteurs institutionnels, assurerait un plan de charge suffisant pour soutenir cette industrie spatiale. N'oublions pas que derrière, il y a l'autonomie et la souveraineté de l'Europe dans la gestion et l’accès à son espace.

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