Le brief éco. Brexit : un mauvais coup pour les pêcheurs français
Le Brexit aura sans aucun doute des conséquences dans le secteur de la pêche. La Grande Bretagne doit reprendre possession de ses eaux territoriales.
La pêche figure parmi les nombreux secteurs qui s’interrogent sur les conséquences du Brexit. Si le Royaume-Uni se félicite de retrouver le contrôle de ses eaux territoriales avec sa sortie de l’Europe, les pêcheurs redoutent le pire pour leur activité.
Il y a clairement deux enjeux : le libre accès des navires européens aux eaux poissonneuses du Royaume-Uni et l’accès des produits de la pêche britannique au marché du Vieux Continent. Les deux sujets sont intimement liés et les marins pêcheurs sont en droit de s’interroger : serons-nous la variable d’ajustement dans les négociations qui vont être menées pendant les deux prochaines années entre Londres, Bruxelles et les différentes capitales européennes ?
Impact important
À court terme, la fin de la pêche dans les eaux britanniques réduirait de 50 % les profits réalisés par les pêcheurs français, allemands, belges, suédois, polonais, notamment. Cela entraînerait la suppression de quelque 3 000 emplois selon les organisations professionnelles à Bruxelles.
Quant au Royaume-Uni, le poisson, c’est un peu comme l’acier chinois : le pays en produit plus qu’il n’en consomme. Il est donc obligé d'en exporter. Ce marché britannique représente, grosso modo, un milliard d’euros et dépend grandement de ses partenaires européens pour les ventes.
Conséquences pour les pêcheurs français
Sur les 460 000 tonnes de poissons pris chaque année dans les filets des pêcheurs français, les navires potentiellement concernés par une stricte application du Brexit sont essentiellement ceux des ports de Bretagne (Le Guilvinec), de Normandie ou de la Côte d’Opale (Etaples, Boulogne-sur-Mer). La pêche pour ces zones côtières est dépendante des eaux britanniques de 30 à 70 %. C'est un chiffre d'affaires global qui s'élève à près de 200 millions d'euros
Quelle tournure pourraient prendre les négociations sur le Brexit ?
L’étape la plus évidente serait une renégociation des quotas de pêche. Le Royaume-Uni détient aujourd’hui 20 % des droits dans les eaux européennes. Rien n’a bougé depuis la fixation des quotas en 1983 mais, à l’époque, les flottes étaient différentes. La France disposait de 10 000 bateaux contre 5 000, voire moins. Qui dit renégociations, dit craintes de la part des principaux intéressés, notamment sur un possible chantage de la part de Londres : l’accès aux eaux britanniques contre un meilleur accès au marché européen.
De nouvelles tensions en perspective pour un secteur qui doit faire face à d’autres problèmes : une flotte vieillissante et coûteuse à entretenir, le départ à la retraite de la génération des baby-boomers et dont la relève n’est pas assurée, etc.
Le Brexit vient se greffer à cette lourde situation. On comprend les interrogations et inquiétudes de nos patrons pêcheurs et leurs salarié.
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