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Le brief éco. Covid-19 : augmenter la dépense publique pour limiter la casse économique ?

L'épisode du coronavirus pourrait remettre en question le critères de déficit inscrits dans le traité de Maastricht. Et plaide pour une politique de relance budgétaire.

Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un couple porte des masques de protection dans Paris. Photo d'illustration. (MAXPPP)

L’épidémie de coronavirus va-t-elle pousser les États européens à pratiquer une politique de relance budgétaire ? L’idée fait son chemin pour amortir l’impact économique de la propagation du virusIl y a deux moyens de soutenir une économie en cas de crise : baisser les taux d’intérêt (qui dépend de la Banque centrale européenne), et relancer par le budget (qui est de la compétence des États).

Une relance budgétaire consiste notamment à baisser les impôts (pour redonner du pouvoir d’achat aux ménages) ou augmenter la dépense publique (pour faire face aux imprévus). On a vu cette semaine que les États-Unis avaient décidé de baisser leurs taux d’intérêt car ils avaient une marge de manœuvre pour le faire. La BCE, elle, n’a pas les coudées assez franches pour baisser ses taux.

Aux États de prendre le relais. C’est ce que laisse entendre clairement la présidente de la BCE, Christine Lagarde. En France, elle a l’oreille attentive du ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire. Pour l’instant, aucun plan de relance budgétaire n’est engagé par Paris, mais l’idée fait son chemin dans les couloirs de Bercy.

L'Italie est la première à lâcher du lest

Premier foyer infectieux en Europe, l’Italie vient de décider de dégainer cette arme financière. Le gouvernement italien annonce le déblocage de 7,5 milliards d’euros pour augmenter les ressources des services sanitaires, de la protection civile et des forces de l’ordre. Le Premier ministre conservateur, Giuseppe Conte, précise que cette somme servira aussi à soutenir le revenu des familles, mettre en place des mesures d’amortissement social et de soutien aux entreprises.

Qui dit relance budgétaire, dit aggravation des déficits publics. Prenons le cas de l’Italie : le déblocage de 7,5 milliards d’euros dans le budget 2020 pour faire face au Covid-19 représente une hausse du déficit italien de 0,3% de PIB (de la richesse produite par le pays sur l’année). 0,3% de plus par rapport aux 2,2% initialement prévus.

Nous sommes au cœur du sujet : est-ce que Bruxelles – et plus encore Berlin –, gardienne de l’orthodoxie budgétaire, va accepter un dérapage des finances publiques de la part des États membres de l’Union ? Et, plus loin, que faire du critère des 3% de déficit inscrit dans le traité de Maastricht, ce fil à la patte qui nous tient depuis 1992 ? Les 3% de Maastricht sacrifiés sur l’autel du coronavirus ? Le Covid-19, botte secrète de Bruxelles pour se libérer d’un fardeau ? Le moment semble mur pour y réfléchir sérieusement.

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