Le brief éco. Démission de Matteo Renzi : dans quel état laisse-t-il l’Italie ?
Désapprouvé par les Italiens lors du référendum pour réformer la Constitution, le président du Conseil italien Matteo Renzi a démissionné mercredi. Arrivé à la tête du gouvernement en février 2014, dans quel état laisse-t-il l’Italie ?
Matteo Renzi a démissionné mercredi 7 décembre après avoir été désavoué lors du référendum sur la Constitution. Son successeur va trouver une Italie transformée, que Renzi avait commencé à réformer, mais une Italie encore largement convalescente.
Mercredi, juste après la démission du rottamatore ("le démoliseur") comme un coup de grâce, l’agence de notation Moody’s a abaissé la note du pays de stable à négative. Cela veut dire que dans les prochains mois, la note de la dette italienne pourrait être dégradée et donc remboursable à un coût plus élevé.
Un bilan économique plutôt mitigé pour Matteo Renzi
Une croissance anémique est attendue cette année : un petit + 0,8%. De nombreuses PME sont performantes, notamment dans l’agro-alimentaire, mais beaucoup souffrent encore de la forte concurrence internationale comme dans le secteur textile. Le chômage reste élevé malgré le "job act" adopté en 2015, une réforme du marché du travail qui a permis aux entreprises de licencier plus facilement tout en les aidant à embaucher en CDI. Le taux de chômage a baissé, mais reste à un niveau élevé : 11,7% de la population active.
Alors, Matteo Renzi, homme trop pressé ? Peut-être. En réalité, les réformes utiles qui ont été menées, certes douloureuses sur le plan social, prennent du temps à produire leurs effets, handicapées par de lourds facteurs structurels.
1. La crise bancaire que l'on ne peut attribuer à Renzi. Banques italiennes trop nombreuses et trop petites, percluses de créances douteuses (plus de 300 milliards d’euros), rien de pire pour miner la confiance des Italiens qui détiennent une grande partie des obligations émises par les banques.
2. La dette souveraine du pays reste à plus de 130% du PIB, juste derrière la Grèce dans le palmarès européen.
La BCE vigilante
Comble du paradoxe : l'Italie combine un modèle industriel dynamique (la valeur ajoutée de l’industrie italienne représente 16% du PIB contre 10% pour l’industrie française), mais un modèle vieillissant freiné par le manque d’investissement dû, justement, à la crise bancaire. Une spirale infernale.
Mais l'Italie reste "Too Big to Fail", trop grande pour faire faillite. La meilleure preuve est le statu quo de la Banque centrale européenne. La BCE reste vigilante sur le cas italien en maintenant sa politique accommodante et en laissant les taux d'intérêts à leurs bas niveaux actuels pour ne pénaliser ni la reprise, ni les réformes en marche.
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