Le brief éco. La Chine est-elle une vraie économie de marché ?
Depuis dimanche 11 décembre, la Chine peut prétendre au titre d’ "économie de marché" à part entière. Il y a 15 ans, l'Organisation Mondiale du Commerce avait fait cette promesse à Pékin. La date anniversaire est arrivée.
Depuis dimanche 11 décembre, la Chine peut prétendre au titre d’ "économie de marché" à part entière. Il y a 15 ans, l'Organisation Mondiale du Commerce avait fait une promesse à Pékin... la date anniversaire est arrivée.
Lorsque la Chine a fait son entrée à l’Organisation Mondiale du Commerce en 2001, les autres pays de l’Organisation lui avaient donné 15 ans pour se mettre aux normes des grands standards internationaux en termes de règles commerciales, en échange de quoi on lui reconnaîtrait le statut officiel "d'économie de marché".
C’est-à-dire que jusqu’à ce dimanche 11 septembre on pouvait imposer à Pékin de lourdes taxes anti-dumping, au motif que les prix et les méthodes pratiquées dans l’Empire du Milieu ne reflétaient pas la réalité du marché. Ces 15 ans sont révolus et la donne change. Mais, la Chine n'a pas, ou peu, évolué. Outre l’épineuse question des Droits de l’Homme, le marché chinois est toujours ultra protégé, les normes sociales y sont plus que discutables, Pékin fait peu de cas de la propriété intellectuelle de ses partenaires. Objectivement, la Chine ne peut pas être considérée comme une économie de marché mais le devient par la force des choses
Les grandes nations prises au piège
Sur les 150 pays membres de l’OMC, 85 reconnaissent à la Chine le statut d’économie de marché. Mais, ni l’Europe, ni les Etats-Unis, n’ont l’intention d’abolir leur dispositif de surtaxes pour les produits importés de Chine. Sans pénalités à nos frontières, les exportations de la Chine vers l’Europe augmenteraient mécaniquement de 4 à 5,5%, menaçant entre 2 et 3,5 millions d’emplois dans des tas de secteurs, et pourrait nous coûter au moins deux points de croissance.
Est-ce-que la Chine va se laisser faire ?
La guerre juridique va remplacer la guerre commerciale. Dès que ses exportations seront pénalisées, Pékin attaquera devant les tribunaux de l’OMC et frappera là où ça fait mal. Les mesures de rétorsions de la Chine contre les oranges de Floride ou le Cognac français risquent d’être sévères. Pour limiter la casse, l’Europe va revoir sa politique de taxes aux frontières et Donald Trump va continuer à donner des coups de mentons comme il l’a fait ces derniers jours et dernières heures encore.
Reste à savoir qui gagnera face à une Chine qui usera de tous les stratagèmes pour convaincre l’arbitre OMC de lui donner gain de cause, de la manière la plus légale qui soit.
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