Le brief éco. La pandémie renforce l’intérêt des Européens pour l’argent liquide
La Banque centrale européenne le constate : avec la crise nous consommons moins mais la demande de billets est plus forte que d’habitude
L’année dernière, 141 milliards d’euros de nouvelles coupures ont été émises, portant le stock de billets en circulation à un peu plus de 1 400 milliards d’euros, en hausse de 11% par rapport à 2019. Il faut remonter à la crise financière de 2009 pour retrouver un tel engouement, la faillite de la banque Lehman Brothers avait été suivie d’une envolée de la demande de billets.
Comment explique-t-on ce qui peut apparaître comme un paradoxe ? La réponse se trouve dans un article publié jeudi 25 mars dans le bulletin mensuel de la BCE, intitulé Le paradoxe des billets. On y voit notamment qu’un cinquième seulement de la masse des billets en circulation a servi à régler des achats dans la zone euro l’an dernier. En 2020, le PIB (la richesse produite) des pays de l’Eurogroupe s’est replié de 7% – les ventes ont baissé – et les Européens ont fait davantage d’achats sur internet, donc via une carte de crédit, pas en liquide. Où est donc passée cette masse monétaire ? Non pas dans l’épargne dont on parle beaucoup en ce moment, plutôt dans la thésaurisation : on garde l’argent chez soi, sous le matelas.
Attitude normale en période de crise
On sait qu’entre 30 et 50% de la masse de billets en circulation est stockée par les ménages et les entreprises, mais on n’arrive pas à tracer cet argent ensuite. Impossible de savoir précisément s’il reste dans les bas de laine ou s’il sert de réel moyen de paiement, dans d’autres pays par exemple. C’est un peu une nébuleuse monétaire. Un tiers des personnes interrogées par la BCE affirment détenir de l’argent liquide chez eux. Pour moins de 500 euros dans trois quarts des cas, parfois jusqu’à 10 000 euros. Cela souligne le rôle important que joue l’argent physique dans une gestion de crise réussie.
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