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Le brief éco. Le marché militaire, planche de salut d’Airbus?

L’avenir d’Airbus passerait-il par le militaire ? Plombé par la chute du trafic aérien, le géant de l’aéronautique songe sérieusement à se diversifier dans la défense pour sortir de la crise du coronavirus.

Article rédigé par franceinfo - Vincent Touraine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un Airbus A400M, présenté au Salon de Singapour, le 11 février 2020. (ROSLAN RAHMAN / AFP)

Airbus doit "rééquilibrer" ses activités civiles et militaires, c’est ce qu’affirme Guillaume Faury, le patron de l’avionneur européen, dans une interview à La Tribune.

Pour lui, la résistance de son groupe dans la crise du Covid aurait été bien meilleure si par exemple sa fusion avec le britannique BAE Systems n’avait pas été avortée en 2012. Et force est de constater que d’autres acteurs du secteur comme Thales ou Dassault Aviation, aux profils plus équilibrés qu’Airbus, s’en sortent nettement mieux. Même son concurrent américain Boeing, pourtant en grande difficulté, est parvenu à stabiliser sa division Défense & Espace au dernier trimestre, quand ses ventes d’avions commerciaux étaient en chute libre.

Airbus a trop misé sur le civil ces dernières années

Airbus le regrette aujourd’hui. La perte d’1,9 milliard d’euros du groupe au 1er semestre a sonné comme un rappel à l’ordre. Pendant trop longtemps, Airbus a basé sa stratégie commerciale sur des projections de trafic aérien en hausse permanente, tirée par le tourisme. Jusqu’à ce que le coronavirus ne vienne tout remettre en cause.

Aujourd’hui, la défense ne représente plus que 15% de l’activité d’Airbus, contre le double il y a dix ans alors que chez Boeing, la part du militaire est encore de 40% du total. Il faut dire que les déboires de l’A400M, l’avion de transport militaire d’Airbus, y sont pour beaucoup. Depuis des années, le programme accumule les pertes du fait des retards de production et des renégociations de livraisons.
C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles l’avionneur avait annoncé plus de 2 600 suppressions de postes avant même la crise du Covid. Trop petite, l’activité défense est aussi trop peu rentable. Pour se remettre en selle, Airbus envisage des rachats : "S'il y a des opportunités dans le futur de se renforcer, on le fera", dit encore son patron Guillaume Faury.

Profiter de la multiplication des tensions

L’accroissement des tensions géopolitiques, qui entraînent une hausse des budgets militaires à travers le monde, après des années de vaches maigres, va jouer. Parmi ceux qui s’arment le plus : les États-Unis, la Chine ou encore l’Inde. Même l’Europe s’y met. Ces dépenses ont d’ailleurs dépassé les 1 900 milliards de dollars l’an dernier, du jamais vu depuis la fin de la guerre froide. De quoi aiguiser les appétits.
Pour l’instant, Airbus peut compter sur les commandes des armées européennes.
Mais il ne faudrait pas que ces Etats soient contraints de tailler dans leurs budgets, pour faire face à des dépenses plus urgentes liées à la crise sanitaire.

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