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Le brief éco. Les Français accumulent le cash, une menace pour la reprise

Entre 75 et 100 milliards d’euros ont été épargnés par les Français depuis le confinement, selon l’estimation du Cercle de l’Épargne.

Article rédigé par franceinfo - Vincent Touraine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des billets de 20 et 50 euros. Photo d'illustration. (VIGNOLA / MAXPPP)

C’est un phénomène qui prend de l’ampleur avec la crise : les Français ont toujours plus d’argent sur leurs comptes en banque. On s’approche des 100 milliards d’euros accumulés, et ce n’est pas une très une bonne nouvelle pour l’économie.

Entre 75 et 100 milliards d’euros ont été épargnés par les Français depuis le confinement, tout compris, qu’il s’agisse de liquide sur les comptes bancaires ou d’argent sur les livrets A, selon l’estimation du Cercle de l’Épargne, pour qui la tendance n’est pas prête de s’inverser. Il suffit d’ailleurs d’éplucher les derniers résultats des grandes banques pour constater que le matelas de cash des particuliers comme des entreprises explose ! Crédit Agricole, Banques Populaires, Caisses d’épargne, BNP Paribas… toutes constatent des bonds de 25 à 28% sur un an des dépôts à vue de leur clientèle. Une manne inespérée pour les crédits qu’elles accordent, mais de l’argent en grande partie improductif.

Le coronavirus est passé par là

C’est tout d’abord le résultat du confinement qui a entraîné une épargne dite contrainte. Faute de pouvoir consommer normalement, l’argent est resté sur les comptes en banque. Avec le déconfinement, les dépenses sont reparties en juin, mais le sursaut aura été de courte durée. Mis à part le rebond passager des ventes d’automobiles, peu de secteurs en ont vraiment profité. On le voit avec les soldes d’été qui viennent de s’achever sur un bilan très décevant. Face à l’incertitude ambiante liée à la crise sanitaire et à la montée du chômage, les achats plaisir se font plus rares, les sorties sont moins nombreuses et les vacances, passées en France par la force des choses, coûtent moins cher.


Parallèlement, les revenus des ménages n’ont que très peu souffert pour l’instant des effets de la crise. Grâce au chômage de longue durée, qui est d’ailleurs prolongé, les salaires continuent d’être versés et viennent garnir les comptes des Français.

Les risques pour la reprise

Les risques sont bien réels puisque la consommation représente tout de même la moitié du PIB. C’est donc cette consommation qui sera déterminante pour la suite. En attendant, les économistes s’inquiètent du cercle vicieux qui s’est enclenché. Après une brève euphorie, la confiance des ménages s’est de nouveau dégradée en juillet par rapport à juin. Comme ils s’inquiètent pour leur niveau de vie et leur emploi, les Français consomment moins, et comptent plus que jamais sur leurs liquidités en cas de coup dur. Résultat, l’argent mis de côté, est en train de devenir une épargne de précaution, appelée à durer. C’est d’ailleurs ce qu’observe le Cercle de l’Epargne depuis plusieurs années. Il constate que : “l’argent a plus que doublé sur les comptes courants depuis la crise financière de 2008, sans jamais baisser depuis”. Et tout cet argent qui dort, c’est un gros manque à gagner pour la consommation, et donc pour la reprise.

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