Cet article date de plus de huit ans.

Le brief éco. OPEP, la réunion de la discorde pétrolière

Les pays producteurs et exportateurs de pétrole se réunissent mercredi à Vienne, en Autriche. Enième réunion de l’OPEP destinée à trouver accord pour limiter la production de brut et faire remonter les cours. C'est loin d'être gagné.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Puits de pétrole vers Tioga dans le Dakota du Nord, le 21 août 2013. (KAREN BLEIER / AFP)

Vienne accueille mercredi 30 novembre un enième réunion de l’OPEP destinée à trouver un accord pour limiter la production de brut et faire remonter les cours. Si les membres de l’OPEP arrivent à s’entendre pour diminuer la production de brut et rétablir les prix, ce serait la première fois depuis huit ans. La date serait donc à marquer d’une pierre blanche.

Aujourd'hui, la surproduction de brut par rapport à la demande mondiale plus faible a poussé le prix du baril à un niveau très bas. En l’espace de deux ans, les cours du brut ont chuté de plus de 60% – à 20 dollars le baril – avant de se reprendre, mais sans atteindre ses niveaux historiques : à peine plus de la moitié regagnée. Nous sommes aujourd'hui aux alentours de 50 dollars le baril contre son plus haut à 110 en 2011.

Une rente pétrolière inférieure pour les pays producteurs

Moins de rentrées d’argent dans les caisses d’états comme l’Arabie Saoudite, contrainte de revoir son modèle économique – après 30 ans d’excédents, son déficit budgétaire atteint 20% du PIB, la richesse nationale produite.

Moins de rentrées d’argent, également, pour des pays aux reins moins solides  comme le Venezuela ou le Nigéria, tous deux sujets faciles à des révolutions populaires, des guerres civiles, etc. Les Etats providence sont battus en brèche.

Raison des blocages à Vienne

L’Arabie Saoudite, l'Irak et l'Iran, les trois grands rivaux, sont en désaccord sur les moyens de limiter la production pour faire remonter les cours, avec, en filigrane, la rivalité entre chiites iraniens et sunnites saoudiens qui place l’or noir au cœur d’un conflit ethnico-confessionnel. Quant à la Russie qui pèse autant que la production de l’Arabie saoudite : on voit mal Moscou et Riyad s’entendre sur le prix du pétrole au moment où ils sont opposés dans le conflit Syrien.

 

Peut-on au moins parvenir à un accord à minima ?

Un accord à minima ne règlerait rien sur le fond :

1.  La pression des pays producteurs de brut face à l’émergence du pétrole de schiste américain qui est un concurrent direct.

2. La demande mondiale en berne avec une Chine qui tourne au ralenti et consomme moins de carburant.

3. La remontée des taux d’intérêt qui va accentuer la double peine d’entreprises du secteur pétrolier ou parapétrolier, prises en étaux entre la baisse des cours – donc de leurs revenus – et une accentuation de leur endettement.

Nous sommes face à une véritable pétaudière qui fait de plus en plus ressembler le pétrole à de la nitroglycérine ultra-explosive.

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