L’Europe veut concurrencer les routes de la soie chinoises
Trois cents milliards d’euros sur six ans. C’est la somme que prévoit de mobiliser l’Union européenne pour contrer le gigantesque projet de liaison commerciale entre l’Asie et l’Europe.
Réseaux de fibre optique, infrastructures de transports, réseaux d’énergie propre, numérique, santé, climat… Le projet a pour nom Global Gateway (Portail mondial, en bon français). Il rassemblera des fonds débloqués par les États membres de l’UE, des institutions financières européennes et des investisseurs du secteur privé. L’objectif affiché est de concurrencer le projet de vaste canal commercial chinois qui doit relier l’Asie à l'Europe et l’Afrique mais avec un modèle plus vertueux en matière de droits humains.
Les projets européens devront avoir un haut niveau de transparence en termes de financements, mais aussi de bonne gouvernance. C'est ce qui doit faire la différence. L'Europe sait très bien qu'elle ne peut pas concurrencer la Chine sur le plan quantitatif (les volumes de productions), en revanche elle peut s'imposer sur la qualité des investissements. Autrement dit, là où la Chine tire sur la corde des conditions sociales, l'Europe a les moyens de se présenter en remède aux méthodes douteuses. L'objectif est de proposer aux pays en développement une alternative aux initiatives chinoises en mobilisant financements publics européens mais aussi privés, pour reprendre la main sur une Chine conquérante accusée de faire pression sur ces pays en en les poussant à s'endetter pour mieux maîtriser la situation.
Poids de la pandémie
Pour cette stratégie mondiale d'investissement entre l'Asie et l'Europe et l'Afrique lancée en 2013, Pékin a déjà déboursé officiellement près de 125 milliards d'euros en investissements. Les Occidentaux y voient un outil d'influence de la Chine sur les pays pauvres, les Chinois misant principalement sur les énergies renouvelables et les financements verts, mais la pandémie a poussé Pékin à modérer ses ardeurs. L'occasion pour l'Europe de reprendre la main avec ce plan d'investissement "Portail mondial" qui se veut aussi, et surtout, un outil géopolitique.
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