Livret A : les Français deviennent-ils cigales ?
Le Livret A, souvent présenté comme le placement préféré des Français, a encore enregistré plus de retraits que de dépôts le mois dernier.
C’est une tendance qui se confirme. Pour le troisième mois consécutif, le livret A est en décollecte : - 90 millions d’euros en novembre, nous dit la Caisse des Dépôts qui le gère, et même - 360 millions d’euros si l’on y ajoute son jumeau, le Livret de développement durable et solidaire, ou LDDS, aux encours plus modestes, mais rémunéré au même taux de 0,5% net d’impôts.
360 millions d’euros, ce n’est pas rien, mais c’est nettement moins qu’en octobre dernier, où les deux livrets avaient cumulé 3,4 milliards d’euros de décollecte d’un coup, du jamais vu en sept ans, comme si les Français avaient subitement décidé de mettre moins d’argent de côté, et même de profiter de leur épargne. D’après les experts, c’est un phénomène habituel quand approchent les fêtes de fin d’année. Avant Noël il y a le Black Friday, l’occasion de faire de bonnes affaires tout en se faisant plaisir.
Mais au-delà de cet aspect saisonnier, il y a peut-être un tournant dans le comportement des Français depuis le début du Covid. L’année dernière, toujours en novembre, ils plaçaient plus de trois milliards d’euros sur leurs livrets d’épargne, la France entrait alors dans son deuxième confinement, et faute de pouvoir consommer normalement, l’heure était à l’“épargne forcée”. À croire donc qu’en cette fin 2021, les fourmis d’hier sont devenues cigales, malgré une pandémie qui n’en finit pas.
La consommation pourra reprendre
Cette fin de la surépargne, qui fait que les Français ont accumulé quelque 170 milliards d’euros depuis le début de la crise, la Banque de France y croit très fort, comme on l’a vu en début de semaine. D’après elle, c’est grâce à cette désépargne que la consommation pourra reprendre, et venir en soutien de la croissance en 2022.
La cinquième vague de Covid-19 et l’irruption soudaine d’Omicron ne vont-elles pas changer la donne ? Pour cela, il faudra attendre les chiffres de décembre. Mais il est probable qu’avec l’incertitude ambiante, les vieux réflexes vont reprendre le dessus : quand l’horizon s’obscurcit, on garnit son bas de laine. Et puis il y a le relèvement attendu du taux du Livret A, et donc du LDDS, qui pourrait leur redonner un coup de fouet.
Pour compenser les effets de l’inflation, le gouvernement a promis de faire un geste, d’autant que les élections approchent. Au 1er février, ce taux pourrait se rapprocher de 1%. Avec 2,8% d’inflation comme en ce moment, le rendement reste certes négatif, mais si on veut placer son argent sans risque et sans impôt, difficile de trouver mieux.
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