Pouvoir d’achat, quand les Français thésaurisent au lieu d’épargner

Les Français sont de plus en plus nombreux à garder leur argent sur un compte en banque courant non rémunéré, plutôt que de le placer dans de l’épargne. Le phénomène n’est pas nouveau et interpelle les autorités financières
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les Français sont de plus en plus nombreux à garder leur argent sur un compte en banque courant non rémunéré (NICOLAS GUYONNET / AFP)

C’est ce que l’on appelle les "dépôts à vue", c'est-à-dire l’argent issu du revenu disponible des ménages et laissé sur des comptes chèques traditionnels qui, eux, ne sont pas rémunérés comme les comptes épargne, les Livrets A, PEL etc. La Banque de France chiffre ces dépôts aujourd’hui à 554 milliards d’euros pour l’ensemble des Français, soit quatre milliards de plus par rapport à la période février-mai.

Changement de comportement

La hausse des taux d’intérêt jusqu’à l’année dernière s’était répercutée sur les principaux produits d’épargne comme les Livrets A, tous les produits à capital garanti et défiscalisés. La hausse des taux rendant ces produits plus rémunérateurs. Depuis, la situation a évolué avec le message public selon lequel les autorités monétaires ont déjà amorcé une baisse des taux pour soutenir une économie mondiale qui manque de dynamisme. Ajouté à cela les incertitudes politiques, les interrogations sur l’évolution de la géopolitique notamment au Proche-Orient… le réflexe semble donc être la prudence. Même si l’inflation a reculé, nous ne sommes pas à l’abri d’un nouveau choc et regardons à deux fois avant d’utiliser notre argent disponible.

Quel impact sur l’épargne ?

Malgré tout, l’épargne reste très élevée en France mais les choix évoluent. On s’aperçoit par exemple que les épargnants se détournent des fonds immobiliers pour aller vers des fonds euro. Un des avantages de ce placement est que les intérêts générés chaque année sont capitalisés pour devenir à leur tour des produits rémunérés. C’est ce que l’on appelle "l’effet cliquet". Pour faire simple : contrairement au Livret A, les taux d’intérêt sur les fonds euros génèrent eux-mêmes des taux d’intérêt rémunérateur ce qui, automatiquement, offre un revenu complémentaire. Aujourd’hui, les fonds euro représentent 60% des sommes investies dans l’assurance-vie.

Donc, d’un côté, légère mutation de l’épargne ; de l’autre, augmentation des liquidités sur les comptes courants non rémunérateurs… signe que, face aux nombreuses incertitudes du quotidien, les Français qui le peuvent se cherchent en matière d’épargne.

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