Accord de non-censure : dans l'attente d'un nouveau Premier ministre, la gauche s'ouvre à l'ex-majorité

Après la chute du gouvernement Barnier, socialistes, écologistes et communistes défendent l'idée d'un pacte de non-censure avec le bloc central, au grand dam de La France insoumise. Les socialistes sont reçus vendredi à l'Élysée.
Article rédigé par franceinfo, Victoria Koussa
Radio France
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Le patron du PS à l'Assemblée nationale Boris Vallaud échange avec des représentants de l'ex majorité comme Marc Fesneau, son homologue centriste. (TERESA SUAREZ / EPA)

Changement de méthode. Après le vote de la censure mercredi 4 décembre par le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national, qui a renversé le gouvernement de Michel Barnier, une partie de la gauche se dit prête à un accord de non-censure avec les forces de l'ex-majorité. Les socialistes sont d'ailleurs invités à l'Élysée vendredi 6 décembre. Textos, coups de fil, rencontres entre deux portes dans les couloirs de l'Assemblée nationale, beaucoup discutent. Selon les informations de franceinfo, Marc Fesneau, à la tête des députés centristes, échange avec son homologue socialiste Boris Vallaud, mais aussi avec les verts et les communistes, depuis la nuit de la censure.

"Sortir de l'étau Le Pen-Mélenchon"

Au cœur des échanges, l'idée d'un accord de non-censure, c'est-à-dire à des compromis entre députés pour éviter que le prochain Premier ministre soit renversé, et enfin sortir de la crise. "Ils se reniflent, explique un stratège centriste, avec l'objectif de réussir à naviguer quelques mois, et de sortir de l'étau Le Pen-Mélenchon". Parmi les points d'accord : la proportionnelle. Il y a même, nous dit-on, un chemin possible sur la réforme des retraites : pas d'abrogation, mais pourquoi pas une autre version d'après un député MoDem. Il y a évidemment les lignes rouges des uns et des autres. La gauche ne veut plus de 49.3 et de loi immigration.

Ces discussions peuvent arranger deux hommes dont les noms circulent pour Matignon, le patron du MoDem François Bayrou, l'option monte, et le socialiste Bernard Cazeneuve. Le président de la République réclame un Premier ministre capable de bâtir une majorité, si l'un ou l'autre arrive avec un accord, c'est un gros plus. Bernard Cazeneuve rencontre d'ailleurs beaucoup de parlementaires. Il y a encore deux semaines, un pot avec des députés de tout bord, MoDem, PS, droite également, a eu lieuau Palais-Bourbon. Hasard du calendrier : lui et François Bayrou se sont retrouvés jeudi 5 décembre, côte à côte sur scène à un colloque, après un entretien en tête-à-tête un peu plus tôt.

La gauche continue de plaider pour obtenir un Premier ministre de gauche, et une partie, comme le patron du PS Olivier Faure, rejette toujours le nom de Bernard Cazeneuve. Mais d'autres socialistes continuent de défendre son nom, et l'ancien Premier ministre a beaucoup d'amis au MoDem, tout comme François Bayrou au PS. Un cadre socialiste lâche même à franceinfo : "Je préférerais un socialiste. Ensuite, je préférerais François Bayrou à Bruno Retailleau. On va faire avec ce qu'on a". 

De son côté, LFI refuse tout compromis avec les macronistes et continue d'appeler à la démission d'Emmanuel Macron. En parlant avec l'ex-majorité, le PS, les écologistes et les communistes mettent à l'écart les insoumis. C'est pour eux l'occasion en or de couper le cordon. La stabilité à l'Assemblée écarterait le risque d'une dissolution, donc plus besoin de faire alliance avec Jean-Luc Mélenchon pour sauver leurs circonscriptions.

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