Emmanuel Macron dissout l'Assemblée à la surprise générale
Emmanuel Macron avait martelé avant le scrutin qu'à élections européennes, conséquences européennes. Ses ministres, ses proches faisaient passer le message qu'il ne se passerait sans doute pas grand chose sur le plan politique dans la foulée, alors que l'Euro de foot débute en fin de semaine, et qu'on enchaînera avec les Jeux olympiques. Mais face à l'ampleur du revers électoral pour son camp, le chef de l'État a décidé d'appuyer sur le bouton de la dissolution.
Cela s'est joué pendant ses consultations de dimanche après-midi. Quelques rares poids lourds du gouvernement sont mis dans la confidence. Et puis la dissolution a commencé à bruisser quand le microcosme a appris qu'Emmanuel Macron avait consulté les présidents de l'Assemblée et du Sénat, un préalable à toute dissolution. Dans les traditionnels éléments de langage distribués à la majorité pour la soirée, il était question "de faire confiance au peuple", de "ne pas rester indifférent à un tel résultat", ni "sourds" quand "l'expression des Français est aussi nette"... Mais des ministres, députés, ou collaborateurs ne croyaient pas qu'Emmanuel Macron irait jusqu'à la dissolution, décision qu'ils ont donc formellement apprise au moment où Emmanuel Macron l'a annoncée aux Français. Certains avouent être "tombés de leur canapé". Dans l'opposition, pas grand monde ne misait non plus là-dessus. Chez LR ça fait des mois que certains disaient que le Président ne prendrait jamais ce risque car ça reviendrait à jouer à la "roulette belge", en clair, à la roulette russe mais avec un barillet plein.
Si aujourd'hui Emmanuel Macron met à exécution la dissolution, il avait déjà menacé d'y recourir en septembre 2022, quelques mois seulement après les législatives quand les oppositions commençaient à agiter la menace des motions de censure. Cette menace était là, diffuse. Mais plutôt que de subir à l'automne, un renversement du gouvernement, par exemple, au moment du budget, Emmanuel Macron provoque lui-même la dissolution, en maître des horloges, qui a entendu ces derniers jours en Normandie l'exaspération de certains Français face au spectacle chaotique de l'Assemblée.
"Si c'était un vrai vote sanction, on va prendre une douille"
Avec cette décision choc, dans la majorité il y a ceux qui vantent le retour à "l'essence du macronisme, l'audace et la prise de risque", quand d'autres sont inquiets : "c'est quitte ou double, folie ou génie, réponse le 7 juillet", au soir du second tour de ces législatives surprises. Dans la majorité, il y a en tout cas le sentiment que beaucoup de macronistes ne s'en sortiront pas. "On peut limiter la casse si c'était juste un vote de colère aux européennes, mais si c'était un vrai vote sanction, on va prendre une douille", glisse un député qui n'est pas sûr de battre le RN cette fois.
L'idée du chef de l'État est évidemment de jouer la gagne en misant sur un sursaut républicain des électeurs face à l'extrême droite, mais un conseiller de l'exécutif n'exclut pas le scénario "Bardella à Matignon" avec cet argument : "Macron pourra dire : 'vous voulez tester l'extrême-droite, vous allez voir ce que c'est mais j'empêcherai que ça aille trop loin en encadrant ça depuis l'Élysée'".
En attendant le verdict des urnes, c'est une campagne éclair qui commence. Certains ont même dès dimanche soir commencé à chercher un mandataire financier, nécessaire pour toute campagne électorale, histoire de ne pas perdre de temps car c'est une vraie course la montre s'engage. Un député macroniste confie d'ailleurs partir dès ce matin, faire du porte à porte dans sa circonscription.
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