Joël Guerriau soupconné d'avoir drogué une députée : le Sénat oscille entre gêne et stupéfaction

Gérard Larcher demande au sénateur Joël Guerriau de se mettre en retrait de toutes ses activités. Mis en examen, l'élu est soupçonné d'avoir drogué une députée. Il est secrétaire du Sénat et vice-président de la commission des Affaires étrangères. L'embarras est énorme au Palais du Luxembourg.
Article rédigé par franceinfo, Aurélie Herbemont
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le sénateur français Joël Guerriau, lors d'une réunion avec le président libanais Michel Aoun au palais présidentiel de Baadba, le 18 novembre 2023. (HANDOUT / T?L? LIBAN)

"Tout le monde ne parle que de ça", témoigne un collaborateur qui travaille au même étage que Joël Guerriau. Au Sénat, on oscille entre gêne, stupéfaction... et inévitables railleries. Ce sénateur qui ne se faisait pas spécialement remarquer jusqu'ici a désormais droit à des sobriquets : "teufeur 44", "Pablo Escobar Guerriau". Une façon de détendre l'atmosphère alors que l'affaire est grave et l'ambiance lourde. La députée Modem Sandrine Josso explique, lundi 20 novembre sur France 5, avoir "cru mourir" et alerte sur le "fléau" de la soumission chimique.

En demandant à Joël Guerriau de se mettre en retrait de ses activités de sénateur, et de démissionner de ses fonctions de secrétaire du Sénat et vice-président de la commission des Affaires étrangères, Gérard Larcher entend protéger l'institution. Il s'agit de dire : lui c'est lui, et ses agissements n'ont rien à voir avec le Sénat. Un élu de la majorité salue la réaction du parti Horizons, et de son groupe, qui ont rapidement suspendu Joël Guerriau, puis de Gérard Larcher : "ça permet de désolidariser l'institution du sénateur, il n'y a aucune ambiguïté et c'est heureux". Chez LR on veut croire que "c'est tellement gros que ça ne peut pas atteindre le Sénat, c'est le fait d'un individu". Pas question de donner du grain à moudre contre le Sénat, contre les parlementaires en général.

Qui a fourni la drogue ?

"Ce n'est pas l'image qu'on aime voir accolée à l'institution, explique un conseiller, en plus il jette l'opprobre sur tout le monde en disant que c'est un ami du Sénat qui lui a fourni l'ecstasy !". Avec cette question qui taraude un élu : "qui ? Un sénateur ? Du personnel ?". En tout cas, pas grand monde ne croit que Joël Guerriau va revenir tout de suite, vu les pressions de toutes parts, mais il est présumé innocent, et peut très bien siéger s'il le souhaite.

Hasard du calendrier, c'est mardi matin que le Sénat installe une commission d'enquête sur "l'impact du narcotrafic en France et les mesures pour y remédier". Rien à voir avec l'affaire Guerriau, c'était évidemment prévu bien avant, mais un sénateur ironise : "tout ça montre que c'est urgent".

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