Nouvelle-Calédonie : pour quelles raisons faut-il "dégeler le corps électoral" avant les prochaines élections locales ?
Les élections provinciales en Nouvelle-Calédonie sont cruciales pour la politique locale car elles déterminent le rapport de force entre indépendantistes et non-indépendantistes. Initialement, ces élections devaient avoir lieu en mai, mais elles ont dû être repoussées. Elles se tiendront au plus tard mi-décembre. Lors de ce scrutin sont élus les responsables des trois provinces, mais aussi les membres du Congrès calédonien, dont découlera le gouvernement local composé à la proportionnelle. Un gouvernement qui a beaucoup de compétences, hors domaines régaliens.
Ces élections locales doivent être reportées parce qu’il faut d’abord réviser la Constitution, pour "dégeler le corps électoral". En effet, tous les habitants de Nouvelle-Calédonie ne peuvent actuellement pas voter aux élections provinciales. L'existence d'une citoyenneté calédonienne fait que seuls les Kanaks peuvent voter, ainsi que les métropolitains installés sur le Caillou avant 1998. Cela a fait partie des négociations pour ramener la paix après les violences des années 80 dans l'archipel. Concrètement, un Français installé à Nouméa depuis 1999, donc depuis 25 ans, ne peut pas voter aux élections locales. Même chose pour des personnes nées en Nouvelle-Calédonie dont les parents n'étaient pas installés là-bas avant ce gel du corps électoral.
Une surreprésentation des indépendantistes
Ce phénomène empêche environ 20% de la population calédonienne de voter à ces élections locales. Rapporté à la métropole, c'est comme si l'Île-de-France était exclue d'un scrutin. Cette situation a longtemps été justifiée par son côté transitoire, le temps que les Calédoniens se prononcent sur l'appartenance à la France. Rappelons qu'il y a eu trois référendums pour rejeter l’indépendance, le dernier ayant eu lieu en 2021.
Les non-indépendantistes pressent donc pour ouvrir le corps électoral. Ils reprochent à ce système une surreprésentation des indépendantistes dans les instances locales. À contrario, les indépendantistes sont hostiles à cette modification, qui fait mécaniquement perdre du poids aux électeurs kanaks. Mais selon le gouvernement, ce corps électoral restreint ne correspond plus "aux urgences démocratiques" du suffrage universel. L'exécutif voudrait donc modifier la Constitution, avant le 1er juillet, pour que puissent voter aux provinciales tous ceux qui sont nés en Nouvelle-Calédonie ou qui y vivent depuis plus de 10 ans.
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