Réforme des retraites : avec le 49.3, Elisabeth Borne a "créé les conditions de son départ", selon un macroniste
Après le passage en force sur le texte des retraites, avec le recours par le gouvernement au 49.3, jeudi 16 mars, à quoi peuvent ressembler les prochains jours ? Et les prochaines semaines ? L’avenir immédiat, ce sont les motions de censure. Une, deux ou peut-être trois doivent être déposées avant 15 heures, vendredi, et proposées au vote en début de semaine, probablement lundi. La Première ministre l’a répété plusieurs fois : ces motions constitueront un vote pour ou contre la réforme. Une manière de dire que, malgré ce 49.3, un vote aura bien lieu. Une lecture plus politique que réellement constitutionnelle du 49.3, mais elle met l’Assemblée, et singulièrement la droite, devant ses responsabilités.
Ces motions peuvent-elles passer ? Un pilier de la Nupes parlait jeudi 16 mars d’une "chance infime". Arithmétiquement, il faut 287 votes pour faire tomber le gouvernement. C’est techniquement possible, mais concrètement, le gouvernement a tout de même peu de risques de tomber.
Le seul espoir pour l’opposition, c’est cette motion transpartisane portée par le groupe Liot. Le patron du parti LR, Eric Ciotti, a dit que la droite ne la voterait pas, mais la réalité, c’est qu’il ne tient pas ses troupes. On l’a vu jeudi pour le texte de la réforme.
Ce qui agite la classe politique et ce qui redonne de l’espoir aux opposants du texte, c’est qu’on rentre dans une séquence de trois jours de flottements. D’ici aux votes de ces motions, le gouvernement est comme en suspens. Et d’ici là, il peut se passer beaucoup de choses. Des mobilisations dans la rue, des coups de force, des points chauds, un pays sous tension. Les images de jeudi soir, des manifestants et des feux dans Paris, donnent un aperçu de l’atmosphère qui peut s’installer. C’est la stratégie espérée par une partie de l’opposition, afin que le gouvernement renonce à sa réforme.
Le RN attend son moment
L'avenir d'Elisabeth Borne est peut-être déjà scellé. "En évoquant elle-même son rôle de fusible, elle a créé les conditions de son départ", décrypte un macroniste. Elisabeth Borne, comme beaucoup au sein de l’exécutif, ne voulait pas du 49.3. Elle se retrouve à en payer les conséquences politiques. De son côté, la majorité charge les LR. La droite est vue comme responsable de tous les maux. "Les LR auront bluffé jusqu’au bout", s’agace un cadre Renaissance. C’est oublier un peu vite qu’il manquait aussi des voix au sein de la majorité.
Mais en coulisses, il y a une forme de gueule de bois. Jeudi soir soir ont fleuri sur les réseaux sociaux des messages de députés Renaissance rappelant qu’ils auraient préféré un vote. Tout le monde s’interroge, car au-delà de l’avenir du gouvernement se pose la question d’une éventuelle dissolution. Un député Renaissance, très proche d’Emmanuel Macron confie : "C'est une question de timing."
C’est aussi l’analyse de l’opposition et notamment du Rassemblement national. Les sourires observés jeudi à l’Assemblée sur les visages des proches de Marine Le Pen ne laissaient pas beaucoup de mystère. Au RN, on attend patiemment le moment où la situation tournera éventuellement à leur avantage.
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