Réforme des retraites : la Macronie pense déjà à l'après
Cette semaine, lors d'un échange, un très proche du chef de l’Etat m’a dit cette phrase qui m’a interpellé : "Cette réforme des retraites, c’est la fin du premier mandat du Président". La fin du premier mandat ? Alors qu’Emmanuel Macron a été réélu, il y a dix mois ? Il m’a expliqué que cette réforme des retraites aurait dû intervenir lors du premier mandat, mais que selon lui, elle a été "entravée par la pandémie". Pour comprendre cette idée, il faut avoir en tête qu'un certain nombre en Macronie pensent que cette réforme s’inscrit effectivement dans un projet global de réforme du pays, projet mené par le président Macron depuis 2017.
C’est assez naturellement que, selon eux, ce projet a aussi une suite. Malgré les difficultés d’acceptation de cette réforme des retraites, beaucoup pensent désormais à la manière dont ils vont pouvoir poursuivre le quinquennat après le 26 mars, date à laquelle cette réforme doit être définitivement adoptée selon le calendrier parlementaire.
Est-ce une manière d'enjamber la réforme des retraites ? Disons qu’il travaille déjà sur la suite de son programme. "Le Président y réfléchit" me confirme un cadre du parti Renaissance.
Des nouveaux projets, mais avec quelle équipe gouvernementale ?
Actuellement, les retraites prennent toute la bande passante politique et médiatique, impossible de porter une autre réforme. Pourtant, la liste des promesses à traiter devient longue. Il y a des dossiers en cours : l’immigration, l’hôpital, la fin de vie… Il y aussi les annonces qui ont dû être décalées : prévue en janvier, la généralisation du SNU interviendra finalement à la fin du trimestre. Enfin, il y a des expérimentations lancées pour donner de nouvelles perspectives : cette semaine, Gabriel Attal évoquait l’idée d’une semaine de quatre jours dans l’administration.
Et puis il y a toutes les initiatives que les partenaires de la majorité voudront faire passer, en échange de leur soutien aux retraites. Comme la réforme constitutionnelle voulue par le Modem ou les peines plancher en cas d’agressions d’élus ou de policiers pour Horizons.
C’est une manière de dire que la réforme des retraites demandera des efforts, mais qu’il peut y avoir derrière d’autres réformes plus sociales, sociétales ou institutionnelles. Et puis comme le dit un sénateur macroniste, "il faut montrer que le Président n’est pas un roi fainéant et qu’il continue à travailler".
Tout ça ne dit pas avec quelle équipe le Président va travailler. Si la majorité passe l’épreuve des retraites sans dissolution, un remaniement n’est pas à exclure pour tourner la page. Un nouveau gouvernement pour un nouveau projet. Rappelons que fin mars, il restera quatre ans au pouvoir pour Emmanuel Macron.
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