Réorganisation de l'islam de France : ce que Darmanin a en tête
Les "Assises territoriales de l’islam" s'achèvent lundi 31 mai. Ce qui va en découler : un chamboulement total de l’organisation du culte musulman.
Le Conseil Français du Culte musulman, interlocuteur des pouvoirs publics, risque fort de disparaître dans les mois à venir. Du moins, dans sa forme actuelle. Démonétisée, à bout de souffle, minée par les conflits internes, l'instance est aujourd'hui considérée par l'exécutif comme "assez peu représentative de ce qu'est l'Islam de France."
Le ministère de l’Intérieur, qui a en charge les cultes, se propose donc de tout revoir. Et de repartir de la base : le département. Pendant un mois, les préfets ont donc organisé ces "assises territoriales", pour échanger avec la multitude d'acteurs locaux qui représentent l'ensemble des musulmans de France.
À l'issue, une séquence nationale est prévue cet été, avec une restitution des travaux autour de Gérald Darmanin. Et c'est là se dessinera plus précisément la nouvelle organisation de l'islam de France.
Déconnecter le "pratique" du "théologique"
Et si le cabinet du ministre de l'Intérieur assure qu’il n’y a pas de “modèle préconçu” à ce stade, il ne faut pas être grand clerc pour voir ce qui se dessine. D’abord, une distinction nette entre ce qui relève de l’organisation du culte - l'ouverture de salles de prière, l'aménagement de mosquées, les dispositions pratiques pour l’Aïd - et ce qui relève du théologique - les prêches, le discours.
Le concret, ce sera une structuration "au plus près du terrain", explique l’Intérieur. Demain, dans chaque département, le préfet aura une ou plusieurs associations au bout du fil. Fini l’interlocuteur unique - jusqu’ici c’était l’antenne régionale du CFCM, donc un échelon moins local - mais une diversité d’acteurs pour discuter du quotidien.
Quant au théologique, le fond, ce sera le rôle d’une nouvelle instance : le Conseil national des imams. "National", donc en surplomb des territoires. Ce Conseil sera l’interlocuteur de l’Etat sur des enjeux de laïcité, d’égalité femme/homme par exemple. C’est cette instance qui doit clarifier ce qu’est un islam séculier par opposition à des lectures plus radicales du Coran.
Les radicaux ostracisés
L’entourage de Gérald Darmanin reconnaît que la tâche est immense. "Ce ne sera pas un chemin pavé de roses", confie un conseiller. Notamment parce que certains ne joueront pas le jeu, comme ces organisations qui ont refusé en janvier de signer la "Charte pour l'islam de France".
Depuis, le dialogue est rompu. La preuve ? Elles ont été exclues de ces assises territoriales. Et pas question pour Gérald Darmanin de tendre à nouveau la main. "La balle est dans leur camp", balaie l’entourage. Le ministère de l’Intérieur fait le pari que ces fédérations ont plus d’inconvénients que d’avantages à être ostracisées. Pari gagnant ? On le saura à l’été.
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