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Retraites : l'entourage d'Edouard Philippe dénonce déjà la méthode Macron-Borne

Avant même l’épilogue des retraites, l’entourage d’Edouard Philippe fait un bilan amer de cette réforme. Horizons, pourtant membre de la majorité, dénonce la méthode de l’exécutif.
Article rédigé par Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La Première ministre Elisabeth Borne entre le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et le président de la République Emmanuel Macron, à l'Elysée le 12 décembre 2022 (GONZALO FUENTES / POOL / EPA/REUTERS POOL)

La réforme des retraites n'est pas encore votée qu'on perçoit déjà les traces qu’elle laissera. Les plus proches d’Edouard Philippe ne mâchent plus leurs mots pour fustiger la manière dont toute cette séquence a été gérée. "On n’a jamais eu aussi peu de gouvernance politique", lâche un député Horizons. Ces députés ne critiquent pas le fond de la réforme. Edouard Philippe s’est lui-même positionné pour le texte. Mais c’est la méthode qui coince, le peu de dialogue au sein de la majorité, l’absence de leadership de Matignon. 

Il y a bien des réunions, les petits-déjeuners de la majorité le mardi autour d’Elisabeth Borne. Mais comme le regrette un cadre Horizons : "On y parle d’actualité et d’agenda, on ne fait pas de politique." "Faire de la politique", cela veut dire  travailler en amont les projets de loi, écouter et prendre en compte les avis de ses partenaires, faire de la tactique. Objectif : que tout le monde accorde ses violons et ne parle plus que d’une seule voix. Cela évite les couacs et cela permet de resserrer les rangs. À peu près tout l’inverse de ce qu’on observe depuis quelque temps. c’est cela qu’Horizons et le Modem dénoncent régulièrement. 

Le constat est factuel, cruel diront certains, mais Emmanuel Macron perd de l’influence chaque jour sur ses troupes. C’est le jeu de la politique. Les uns et les autres pensent déjà à la suite et le président n’a pas plus tout à fait la main pour les contraindre à rester dans le rang. 

"Au bout de six mois, on voit bien que ça ne marche pas"

Mais dans ce contexte, persister sur un rapport de force avec ses partenaires, c’est la meilleure chance de faire grossir des frondeurs. Cela se matérialise par des sabordages, notamment à l’Assemblée. On l’a vu encore la semaine dernière avec des propositions de loi rejetées chez Horizons comme chez Renaissance : les peines planchers comme l’inéligibilité des auteurs de violences conjugales en furent les victimes. 

Ici ou là, il y a bien des appels au calme. Une rencontre était prévue début mars entre les patrons des trois courants de la majorité : Stéphane Séjourné pour Renaissance, François Bayrou pour le MoDem, Edouard Philippe pour Horizons. Cela fait six mois que ces trois-là n’ont pas été vus publiquement ensemble. Ce "bureau exécutif commun" devait renouer le dialogue. Il a été reporté au mardi 21 mars, à cause, justement, de tensions à l’Assemblée. 

Ce jeudi matin, Emmanuel Macron réunit les patrons groupes de la majorité à l’Elysée. Une réunion de la dernière chance qui ne changera pas le fond du problème. Comme le dit un lieutenant d’Edouard Philippe : "On ne peut pas continuer comme ça pendant quatre ans. Au bout de six mois, on voit bien que ça ne marche pas."

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