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Elections régionales : en Bourgogne-Franche-Comté, le Rassemblement national est convaincu de l'emporter

À 20 jours du premier tour des élections régionales, les projecteurs sont braqués sur la Provence-Alpes-Côte d'Azur, sur les Hauts-de-France.... Mais une autre région passe un peu sous les radars : la Bourgogne-Franche-Comté. Face à la présidente socialiste sortante, le Rassemblement national espère bien l'emporter.

Article rédigé par franceinfo - Hadrien Bect
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Une personne passe devant des affiches de Julien Odoul, candidat du Rassemblement national aux élections régionales de Bourgogne-Franche-Comté, le 4 avril 2021 à Montbéliard. (LIONEL VADAM  / MAXPPP)

Dans le parti de Marine Le Pen, on est convaincu que lors des élections régionales, cette fois sera la bonne. En 2015, le sort de la région Bourgogne-Franche-Comté ne s'était joué qu'à un cheveu : à trois petits points, la région devenait bleu marine. En six ans, le Rassemblement national s'est renforcé et la gauche s'est étiolée. En déplacement en Saône-et-Loire il y a quelques jours, Marine Le Pen avait le sourire, elle qui d'habitude se garde bien de tout pronostic. "Il est évident que c'est une région où on peut gagner, assurait la présidente du parti.

C'est évident parce que la dernière fois, on a failli gagner et que par conséquent, comme nous sommes en pleine dynamique, il y a évidemment toutes les chances pour qu'on caresse l'espoir d'une victoire.

Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national

à franceinfo

L'espoir de Marine le Pen, c'est Julien Odoul. Elle le retrouve dans une ferme, au milieu des moutons. Lui est élu depuis 2015, habitué du flirt avec la ligne jaune comme lorsqu'il ironise sur une élue blonde il y a quelques semaines sur un plateau de télévision. C'est lui aussi qui s'en était pris publiquement à une femme voilée dans le public au conseil régional. Un coup d'éclat à l'époque peu apprécié la présidente du Rassemblement national. "Disons que c'est un homme de caractère, affirme Marine Le Pen. C'est vrai qu'il peut parfois avoir des propos saillants mais d'abord il s'est beaucoup assagi au fur et à mesure du temps. Nous aimons les hommes et les femmes de caractère, il faut du caractère dans les temps actuels."

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Son programme est décliné en trois axes : sécurité dans les gares et les transports, consommer local et surtout démonter les 400 éoliennes de la région, cheval de bataille de Julien Odoul. Campagne locale, à destination du local, mais preuve qu'il a confiance : le candidat assume un scrutin à portée nationale. "Ceux qui veulent une lueur d'espoir pour 2022, il faut qu'ils votent Rassemblement national, il faut qu'ils votent pour notre liste et ce sera évidemment un signal retentissant, déclare le candidat. Ça amorcera le changement tant attendu pour 2022."

À droite, on ne souhaite pas "être cornerisé"

Le Rassemblement national est confiant et la droite tente de le siphonner. Gilles Platret, tête de liste Les Républicains, maire de Chalon-sur-Saône, mène lui aussi une campagne hyper locale. Comme Julien Odoul, lui aussi aime débattre sans filtre sur les plateaux de télévision. Et lui aussi a eu son coup d'éclat : en 2015, lors de l'interdiction des menus sans porc dans les cantines de Chalon-sur-Saône. La polémique était alors nationale.

Gilles Platret mène une campagne avec des signaux très clairs : visite de Nadine Morano la semaine dernière, et surtout, accord avec celui qui aurait pu être Premier ministre de Marine Le Pen en 2017, Nicolas Dupont-Aignan. À Paris, les Républicains toussent, mais Gilles Platret se défend, avec un petit lapsus : "C'est un accord qui dit très clairement que Les Républicains n'ont pas à être cornerisés. Vous avez deux grand geôliers en France : monsieur Le Pen et madame Macron, qui veulent absolument tout écraser autour d'eux pour se retrouver face à face l'année prochaine."

Moi je dis que localement, on est capable de sortir du corner dans lequel ils essaient de nous enfermer et donc de rassembler largement.

Gilles Platret, tête de liste Les Républicains

à franceinfo

Nicolas Dupont-Aignan est même venu en Bourgogne la semaine dernière. Le déplacement avait été reporté sous pression notamment du patron des députés LR Damien Abad et du président du Sénat, Gérard Larcher. Gilles Platret pense qu'avec cette alliance, il tient la recette pour s'imposer.

À gauche, on fait campagne en solo

Au milieu de tout cela, la présidente sortante de la Région Bourgogne-Franche-Comté n'entend pas se faire avoir. Et pourtant, Marie-Guite Dufay n'est pas aidée : la socialiste fait campagne seule. Pas un renfort, pas d'union de la gauche.

En visite dans un gîte rurale en Haute-Saône, jeudi 27 mai, on sent l'embarras lorsqu'on l'accueille : "Bonjour, bienvenue madame la présidente ! On dit encore madame la présidente ?". "Bah oui", répond l'élue. Un embarras symptomatique d'une campagne difficile. "Dufay est toujours donnée perdante, elle finit toujours par gagner", s'amuse un élu local. Mais alors avec qui ? Le reste de la gauche, les Verts et La France insoumise, qui présentent tous deux une liste, voire La République en marche ? "Ecoutez, on est au premier tour là, s'agace l'élue. Non mais vous ne vous rendez pas compte ! Chaque chose en son temps !" Un agacement avant d'assumer que tout est possible y compris avec En Marche.

Je ne ferme aucune porte. Tout dépendra des résultats du premier tour.

Marie-Guite Dufay, présidente sortante de la Région Bourgogne-Franche-Comté

à franceinfo

D'autant que les marcheurs ont l'espoir de faire un bon score, grâce à la droitisation de Gilles Platret. Ce n'est pas pour rien qu'Emmanuel Macron est venu à Nevers soutenir Denis Thuriot, tête de liste et maire de la ville. En fonction des résultats du premier tour, les marcheurs imaginent même une alliance derrière eux. Et une victoire ? Une région La République en marche alliée à la gauche, ça aussi ce serait une sacrée surprise.

>> Retrouvez l'ensemble des candidats de la région sur le site de France 3 Hauts-de-France

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