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Pourquoi la visite de Charles III en France marque un réchauffement des relations diplomatiques

Le monarque et son épouse effectuent leur premier déplacement, à Paris puis à Bordeaux, depuis l'accession au trône de Charles. Londres espère bien en profiter pour resserrer ses liens avec la France et l'Europe.
Article rédigé par Richard Place
Radio France
Publié Mis à jour
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La première visite de Charles III en France marque un réchauffement des relations diplomatiques entre Londres et Paris. (JONATHAN BRADY / MAXPPP)

La visite de Charles III en France, du mercredi 20 au vendredi 22 septembre, peut sembler anodine. Elle a pourtant une portée politique. La venue du couple royal britannique, une première en France depuis l'accession au trône de Charles, à Paris puis à Bordeaux, envoie un message important. 

Le gouvernement britannique a voulu ce déplacement. On le sait peu, mais aucun voyage officiel à l'étranger du roi d'Angleterre n'a lieu sans l'assentiment du Premier ministre. Ainsi, Charles III n'a pas pu se rendre à la COP27, la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, en Egypte, en mars 2023. Downing Street lui a opposé un refus.

La couronne est un élément d'influence. Par conséquent, le monarque ne se rend pas n'importe où, de même qu'il ne reçoit pas n'importe qui.

Retisser des liens avec l'Europe

La visite de Charles III est une manière pour Londres de marquer l'importance des liens entre les deux pays. Pour rappel, Charles devait se rendre en France pour sa première visite en tant que nouveau monarque. Les débordements liés aux manifestations contre la réforme des retraites ont retardé sa venue.

>> Transition, "clin d'œil" et "relation chaleureuse"... Ces symboles autour de la visite du roi Charles III en France

Il s'est d'abord rendu en Allemagne, avant de venir en France. Deux pays fondateurs de l'Union européenne pour ses deux premiers déplacements officiels. Sept ans après le référendum du Brexit, ce choix peut paraître étrange. C'est en fait une façon pour Londres de retisser des liens.

Même si le roi se gardera bien d'évoquer la sortie de l'Europe, selon l'historien britannique Munro Price. Il cite Léon Gambetta : "Pensons-y toujours, n'en parlons jamais ! (...) Je crois qu'il ne dira rien de politique." 

"Ce que la monarchie fait à merveille, c'est la politique par voie de symbole."

Munro Price, historien britannique

à franceinfo

 

"La monarchie britannique a plus de 1 000 ans d'expérience dans cet exercice", poursuit Munro Price. "Le symbolisme de voir un roi d'Angleterre, en ce moment, en France, dira tout !"

Comme aux échecs, le Roi est le plus précieux

Elisabeth II avait choisi d'effectuer son premier déplacement, en tant que Reine, dans le Commonwealth. La logique royale aurait voulu que son fils en fasse de même, pour essayer de revigorer cette organisation intergouvernementale, rassemblant essentiellement d'anciens territoires de l'Empire britannique, en perte de vitesse. 

Mais le pouvoir politique actuel, à Westminster, a d'autres intentions. Il était important que la Couronne aille en Europe en ce moment, selon Ed Owens. "Les gouvernements vont et viennent. Ils font souvent des politiques impopulaires, et il peut y avoir des ruptures temporaires dans les relations, analyse ce spécialiste de la monarchie. Le Roi sert à rappeler à tout le monde, au Royaume-Uni comme en France, le lien durable entre les deux pays." 

Au jeu d'échecs, le roi est la pièce la plus précieuse. On la déplace toujours avec une grande prudence. C'est assez similaire avec Charles III.

Un "effet Sunak" entre Londres et Paris

La visite du monarque marque un réchauffement des relations entre le Royaume-Uni et la France. Elles étaient tendues quand Boris Johnson était à Downing Street. Les échanges se sont nettement améliorés depuis que Rishi Sunak est devenu Premier ministre, en octobre 2022. Côté français, on parle même d'un "effet Sunak".

Rishi Sunak est venu à l'Elysée en mars 2023, marquant le retour du sommet franco-britannique, après cinq ans de relations froides entre Paris et Londres. (SIMON WALKER / MAXPPP)

Pourtant, il est un Brexiter de la première heure. Mais il sait qu'il a besoin de la France, sans pour autant faire partie de l'Union européenne, et sans l'intention d'y revenir. Preuve que le Premier ministre et son gouvernement se sont rapprochés de Paris, Rishi Sunak a lui-même rendu visite au président français en mars 2023. Il s'agissait du premier sommet franco-britannique depuis 2018, alors que cette rencontre est supposée se dérouler tous les ans. 

"Nous avons quitté l'Union européenne mais pas l'Europe."

Rishi Sunak, Premier ministre britannique

lors de sa visite en France, en mars 2023

"Le Brexit n'a pas changé la géographie, explique Rishi Sunak. Nous voulons une relation étroite pour entreprendre et collaborer avec nos partenaires et alliés européens. Cela commence avec notre voisin le plus proche, la France."

Réchauffement diplomatique

Cette visite royale s'inscrit dans une série de signes montrant que le courant passe à nouveau entre Londres et le Vieux continent. En février 2023 a été signé l'accord de Windsor, pour régler la difficile sortie de l'Union de l'Irlande du Nord. Début septembre 2023, le Royaume-Uni a rejoint Horizon, un programme européen de coopération sur la recherche, l'innovation et l'espace. 

Rishi Sunak a même décidé d'accueillir la réunion de la Communauté politique européenne en 2024, une nouvelle instance créée sous l'impulsion de la France, dans le contexte de la guerre en Ukraine. 

La visite du roi Charles III et de Camilla s'inscrit donc dans ce réchauffement diplomatique. Ils viennent pour faire de belles déclarations. Quant à savoir ce qu'ils pensent de tout ce contexte politique, ils ne doivent pas le dire. 

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