"Tout le monde était terrifié" : deux ans après le premier mort du Covid-19, les habitants de Wuhan restent traumatisés
Deux ans après l'annonce du premier mort du Covid-19 à Wuhan, retour dans la ville épicentre de la pandémie. En 2020, les 11 millions d'habitants de la ville ont été strictement confinés pendant deux mois et demi. Des souvenirs que certains n’arrivent pas à effacer.
Aujourd'hui, à Wuhan, il n’y a pas d’inquiétude particulière de la population concernant le variant Omicron du Covid-19. Il est certes arrivé en Chine, mais on ne compte pour le moment que quelques cas : pas plus d’une trentaine à l’échelle de tout le pays d'1,4 milliard d'habitants. La vie à Wuhan est donc absolument normale. Dans les rues, de nombreux habitants ont perdu l’habitude de porter le masque qui n’est pas obligatoire en extérieur. Il y a même des touristes, des centaines de visiteurs qui viennent chaque jour de toute la Chine pour admirer la célèbre tour millénaire de la grue jaune, emblème de la ville.
L’épidémie et l’année 2020 semblent bien loin. Il y a deux ans, la Chine annonçait le premier mort du Covid dans le monde: c’était à Wuhan, le 11 janvier 2020. Les 11 millions d’habitants de la ville ont ensuite subi pendant deux mois et demi un confinement très strict, vécu pour beaucoup comme un traumatisme. Wuhan est d'ailleurs de loin la ville où il y a eu le plus de morts en Chine, sans que l’on sache exactement combien.
"Deux ans après l'épidémie, je suis contente, du fond du cœur, dit Lin, une Wuhanaise. C'est presque normal ici. La vie est de nouveau sur les rails et cette vie, je la chéris. Surtout pour une Wuhanaise qui a vécu le confinement plus de trois mois sans bouger de chez elle".
"Aucun d'entre nous n'a oublié l'épidémie"
Une vie normale, mais Wuhan conserve toujours les cicatrices visibles de 2020. Le fameux marché aux fruits de mer, est toujours là, caché par des panneaux. Et puis il y a ce traumatisme, tous ces souvenirs de 2020 que certains n’arrivent pas à effacer. "Je n'ai pas particulièrement envie de me souvenir de cette période qui est marquée en gris, déclare ce jeune père de famille. Dernièrement, je suis allée à Shenzhen pour un échange professionnel et mes collègues m'ont demandé de partager certains sentiments que j'ai éprouvés à Wuhan pendant l'épidémie. J'avais envie de pleurer en parlant, c'était très dur".
Ces séquelles touchent aussi bien les adultes que les enfants. Beibei est institutrice dans une école maternelle de Wuhan. "Aucun d'entre nous n'a oublié l'épidémie, détaille-t-elle. Les enfants écrivent encore souvent sur cette période dans leur journal intime. Ils n'arrivent pas à oublier. Moi, j'ai très mal vécu ce confinement. En vivant dans la peur, j'ai pris du poids, c'est incroyable ! Il y a quelques jours, nous avons eu de nouveaux cas, je m'inquiète vraiment du retour de l'épidémie car je ne veux plus revivre une telle expérience. C'est un sentiment tellement désagréable".
Certaines voix essaient de se faire entendre
À l’occasion de ce deuxième anniversaire, certaines voix dissidentes tentent tout de même de s’exprimer pour dénoncer la gestion de la crise par les autorités et demander des comptes sur le nombre de morts qui reste à ce jour indéterminé à Wuhan. Très surveillé par la police, ils sont peu nombreux à prendre le risque de parler, comme Zhang Yi qui dénonce la disparition de certains lanceurs d’alerte. "Dans les rues vides, les ambulances qui défilent les unes après les autres à pleine vitesse, avec des sirènes hurlantes... Deux ans après, cela est toujours dans ma tête. Je pense encore à ces images violentes", témoigne cet habitant de Wuhan.
"Fang Bin a filmé une vidéo dans l'hôpital. Quand il est entré, il a vu trois cadavres dans le véhicule funéraire. En dix minutes, il a fait un tour dans l'hôpital, il y avait dix cadavres au total. Actuellement, on ne sait pas où est le courageux Monsieur Fang Bin de Wuhan. C'est lui qui le premier a averti le monde de cette tragique épidemie", rappelle Zhang Yi.
L'énorme hôpital provisoire n'a pas été démonté
Et preuve que les autorités n’excluent pas un retour de l’épidémie, l'énorme hôpital provisoire construit en 2020 dans la banlieue de Wuhan en un temps record de 10 jours est fermé mais il est toujours là, prêt à fonctionner au cas où.
#Wuhan Deux ans après le déclenchement de l'épidémie, l'hôpital provisoire Huoshenshan construit en dix jours en 2020 est fermé mais toujours là, prêt fonctionner au cas où. pic.twitter.com/JYyomEq4dS
— Seb Berriot (@SBerriot) January 10, 2022
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