Autotests gratuits ou payants, test rectal... Quelles sont les stratégies de dépistage du Covid-19 en Allemagne, au Royaume-Uni et en Chine ?
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction Londres, Berlin et Pékin afin de comprendre comment les campagnes de dépistage du Covid-19 s'organisent.
Les autotests sont disponibles depuis lundi 12 avril dans nos pharmacies en France pour compléter la campagne de dépistage du Covid-19. Ces tests à faire soi-même seront distribués dans les établissements scolaires à partir du 26 avril. Ils existent déjà au Royaume-Uni et en Allemagne. En Chine ce sont des tests rectaux qui s'ajoutent aux dépistages nasaux, salivaires et sanguins.
Au Royaume-Uni, l'autotest pour accompagner le déconfinement
Au Royaume-Uni, les autotests sont gratuits. Depuis vendredi, les Britanniques sont encouragés à s'auto-tester. Toute personne âgée de plus de 18 ans peut simplement récupérer des tests à la pharmacie ou les commander gratuitement en ligne. Le test est à faire soi-même à la maison mais certains experts s'interrogent déjà sur leur fiabilité. Si le test est positif, il faudra commander un test PCR, encore une fois à faire soi-même et s'isoler si celui-ci est positif.
L'idée de ces tests de masse est de diagnostiquer les personnes asymptomatiques. Elles seraient une sur trois, selon le gouvernement. Et donc, parallèlement à la vaccination, les autotests permettent d'accompagner le déconfinement progressif et d'éviter tout regain de l'épidémie, alors que le pays marque aujourd'hui sa deuxième phase de déconfinement.
Dès la réouverture des écoles, le 8 mars dernier, le gouvernement avait mis en place ces autotests dans les écoles secondaires. Les collégiens sont fortement encouragés à se faire tester deux fois par semaine. Certaines écoles ont même alloué des salles de test pour encourager les écoliers à le faire. Et selon la chaîne britannique Skynews, cette opération autotest à l'école et autotest à la maison peut coûter plus de 100 milliards d'euros au gouvernement.
En Allemagne, les autotests scolaires critiqués
En Allemagne, les autotests sont déjà autorisés depuis un mois. C’est devenu un rituel dans les écoles. Au moins pour les quelques tranches d’âge qui ont cours. Deux fois par semaine, les élèves enlèvent leurs masques, grattent leur nez avec une tige, déposent le prélèvement sur un petit boîtier. Quinze à trente minutes plus tard, le résultat apparait : une barre c’est négatif, deux barres c’est positif et l’élève doit rentrer chez lui.
Or comme l’Allemagne est un état fédéral, la règle n’est pas la même dans les 16 régions. L’autotest n’est pas obligatoire partout. Il est tantôt réalisé à l’école, tantôt à la maison. Mais c’est en train de changer. La tendance dans les Länder, à partir de cette semaine ou la semaine prochaine au retour des vacances, c’est un test obligatoire à l’école deux fois par semaine. Que cela plaise ou non aux enfants, aux parents ou aux professeurs.
La mesure a créé pas mal de mécontentement. En cas de test positif, l’enfant est exclu devant tous ses camarades, certains parents s’y sont simplement opposés. D’autres craignent qu’un test positif ne mette en quarantaine toute la famille. Les enseignants redoutent eux d’être exposés quand les élèves tombent le masque et se plaignent d’une procédure qui prend environ une heure le matin.
Autre préocupation outre-Rhin, la faible disponibilité de ces autotests. Il vous faut encore parfois pousser la porte de plusieurs pharmacies ou grandes surfaces pour en trouver. La demande a été très forte et la rupture de stock a été quasi immédiate. Au lancement, on n’en trouvait plus nulle part au bout de deux ou trois jours. En Allemagne, le pays qui a inventé le hard-discount, chaque chaîne de supermarché à bas prix a rivalisé d’offres : des boîtes de cinq autotests à 25 euros disponibles en caisse et limités à une boîte par client. Le prix est intéressant,car en pharmacie, il faut compter autour de sept euros l’unité.
Le test rectal inquiète les diplomates en Chine
En Chine, ce ne sont pas les autotests mais les tests rectaux qui suscitent la controverse. Pékin avait annoncé leur utilisation en janvier. Il y avait eu beaucoup de commentaires mais sans qu'il y ait finalement de grand chambardement.
Peu de villes en Chine demandent pour le moment le test rectal en plus du test nasal et dans la gorge, ainsi que de la prise de sang. Cela concerne surtout de grandes villes comme Pékin, Shanghaï, Xi'An ou le port de Tsingtao pour certains vols internationaux. Il consiste à introduire un coton-tige dans l'anus et à faire un prélèvement. Des médecins chinois affirment que ce test est très fiable. Ce dépistage est pratiqué, disent les officiels, selon l'état de santé et le résultat global des tests de tous les passagers de l'avion.
Il y a eu beaucoup de remous chez les diplomates. En ce qui concerne les Américains, la Chine n'a jamais demandé qu'ils subissent ce dépistage, a affirmé le ministère chinois des Affaires étrangères en février dernier. Des diplomates européens confient que l'Europe a dû discuter avec la Chine pour que ce test ne soit pas pratiqué. En mars, le Japon a demandé officiellement à Pékin de cesser de l'effectuer sur ses citoyens, car la procédure leur a causé, a dit Tokyo, une détresse psychologique.
Même chose pour les Chinois, le dépistage n'est pas généralisé, mais il existe. Les équipages des compagnies aériennes chinoises qui voyagent à l'international sont soumis à ce test à leur retour sur le sol chinois. Au début du mois d'avril, 630 employés d'une chaîne de froid alimentaire ont été testés près de Shanghaï. Ce serait régulier pour ce type d'établissement industriel. Un responsable du centre de lutte contre l'épidémie de Covid-19 à Shanghaï propose de remplacer le test rectal par un prélèvement dans les selles mais pour le moment, le test est toujours en vigueur.
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