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Covid-19 : comment l'Italie, la Croatie et la Russie préparent le retour des touristes

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Article rédigé par franceinfo - Olivier Tosseri, Laurent Rouy et Jean-Didier Revoin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6 min
Des touristes devant la fontaine de Trevi à Rome, le 19 août 2020. Photo d'illustration. (VINCENZO PINTO / AFP)

En France, le secteur du tourisme espère que le déconfinement sera synonyme de reprise de l’activité et se prépare à accueillir de nouveau les touristes en particulier pendant l’été. Direction trois pays qui préparent l'été et leur saison estivale sous Covid-19 : la Croatie, la Russie et l’Italie.

En Italie, la bataille des îles "Covid-free" a commencé

Profitant de l'autonomie qui leur est accordée en matière de santé, plusieurs régions italiennes bousculent le plan de vaccination nationale. L'objectif, c'est d'atteindre rapidement l'immunité collective pour sauver la saison touristique qui va bientôt commencer.

C'est le cas de l'île de Procida, près de Naples, et ce n'est pas la seule. Après l'ouverture des écoles, des discothèques et des commerces opérés de manière disparate, voici une autre guérilla qui commence entre les régions et l'Etat central. Il s'agit de "la bataille des îles", comme l'a baptisé la presse transalpine. Les maires des archipels du Mezzogiorno, en particulier les Eoliennes ou encore les îles de Capri et de Lampedusa, exigent que l'exemple de la Grèce soit suivi. Une vaccination de masse rapide qui concernerait les 200 000 habitants d'une trentaine de petites villes. Elle pourrait ainsi accueillir des touristes qui ont déjà commencé à réserver leurs vacances estivales dans d'autres pays européens.

Cette offensive des îles pour des vacances "Covid-free" ne fait pas l'unanimité. Plusieurs présidents d'autres régions s'opposent à ce qu'ils qualifient de privilège inacceptable. Celui de l'Émilie-Romagne dénonce une concurrence déloyale entre les différentes localités touristiques. Le président de la Fédération des associations hôtelières italiennes appelle au calme et à l'unité, tout en estimant que l'opération "île Covid-Free" serait un argument marketing pour l'Italie entière.

Le gouvernement réitère l'importance de suivre son plan de vaccination de manière uniforme sur l'ensemble du territoire, mais il pourrait être tenté de donner un coup de pouce au secteur touristique qui, avant la pandémie, générait plus de 230 milliards d'euros de chiffre d'affaires et représentait plus de 13% du PIB, un secteur qui a été l'un des plus durement frappés par la pandémie et qui est indispensable pour sortir l'Italie de la récession économique.

En Croatie, le maire de Dubrovnik veut des touristes isolés de la population

Dans ce pays des Balkans, l'approche est pour le moins originale, mais interroge beaucoup sur la nature du tourisme. Mato Frankovic est le maire de Dubrovnik. Avec ses vieux remparts surplombant une mer d'azur et son centre vénitien ayant servi de décor à la série Game of Thrones, la ville dépend énormément des touristes. Le maire pense avoir trouvé la solution malgré l’épidémie de Covid-19 : que les touristes soient durant tout leur séjour en Croatie complètement isolés de la population locale. Ils pourront tout visiter, mais sans approcher personne. Le maire envisage même la création d'un pont aérien passant par la Suisse, de transports maritimes réserves vers des îles désertées. Bien entendu, des tests PCR seront inclus dans les prix de ces forfaits un peu spéciaux.

Mais cette absence totale de contact avec la population locale risque de décourager les touristes. Depuis longtemps déjà la Croatie est une destination de tourisme de masse. Les passagers des bateaux de croisière qui débarquent à Dubrovnik restent rarement plus de 48 heures, et il y a fort à parier que peu verront la différence. De toute façon, le contact avec les Croates est devenu difficile sur la côte, tant les centre-villes sont pris d'assaut par les visiteurs.

Pour la Croatie, une saison touristique réussie représente 17 points de PIB, et le pays essaye de sauver les meubles, notamment en offrant toutes sortes de réductions aux touristes et en autorisant l'entrée dans le pays à tous les vaccinés, quel que soit le vaccin employé.

En Russie, la vaccination comme produit touristique

Les couacs intervenus dans les livraisons de vaccins contre le Covid-19 aiguisent les appétits. Alors que l’agence européenne du médicament étudie depuis plus d’un mois l’homologation éventuelle du vaccin russe Spoutnik V, des agences de voyage russes en profitent pour inclure la vaccination dans leur éventail de produits touristiques. Pour l’instant, une agence de voyage russe propose deux offres réservées uniquement aux Russes résidant à l’étranger et qui souhaitent se faire vacciner avec le Spoutnik V. La première coûte 700 euros. Elle se compose de deux voyages d’une durée de trois jours espacés au minimum de 21 jours, le temps d’attente nécessaire avant de procéder à la seconde injection. Et pour 1 500 euros, vous pourrez passer ces trois semaines en Russie, sachant que ces prix ne couvrent que l’hébergement, le transport et l’accompagnement au centre de vaccination. Le déplacement du lieu de domicile en Russie, comme les activités touristiques sur place, sont un coût additionnel qui reste à la charge du patient.

L'offre n'est réservée qu’aux Russes à cause des restrictions de déplacement liées au coronavirus. Les ressortissants russes sont libres d’entrer et de sortir de leur pays, sans limitations, sans visas non plus. Mais les Russes comptent bien utiliser leur vaccin pour développer leur image à l’étranger. Ce type de séjour devrait être élargi aux ressortissants d’autres nationalités à partir du mois de juillet. Le temps sans doute, d’avoir suffisamment de vaccins en cas de forte demande.

D’après l’agence, 11 millions de Russes vivent à l’étranger. Et compte tenu des difficultés que ces ressortissants peuvent éprouver pour se faire vacciner tout de suite dans le pays où ils vivent, et bien, en partenariat avec une chaîne de cliniques privées, cette agence de voyage estime que ses offres pourraient intéresser près de 50 000 personnes d’ici la fin de l’année.

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