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Covid-19 : est-ce que la Corée du Sud, la Suède et l'Italie connaissent une seconde vague épidémique ?

Dans Le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir tout ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, nous nous intéressons à l'épidémie de coronavirus en Corée du Sud, en Suède et en Italie.

Article rédigé par franceinfo - Louis Palligiano, Frédéric Faux et Bruce de Galzain, édité par Thomas Destelle
Radio France
Publié
Temps de lecture : 8min
Une femme passe devant des responsables sanitaires sud-coréens pulvérisant des désinfectants dans un quartier commercial d'Incheon dans le nord du pays, le 17 septembre 2020 (photo d'illustration). (JUNG YEON-JE / AFP)

L'augmentation des cas de coronavirus et de malades dans les hôpitaux obligent des pays d'Europe comme la France à prendre de nouvelles mesures contre la pandémie de Covid-19. Direction Séoul, Stockolm et Rome pour savoir si dans ces pays il y a un rebond épidémique et comment les autorités tentent d'éviter une seconde vague.

En Corée du Sud, une épidémie sous contrôle mais de nouvelles restrictions

Au début de la pandémie, la Corée du Sud a été le deuxième pays le plus touché par le coronavirus après la Chine. Elle a réussi, grâce au déploiement de mesures tous azimuts, à stabiliser le nombre de cas quotidiens autour de 100 ces dernières semaines. Après la détection d’un premier cas sur son sol le 20 janvier, le bilan y est aujourd’hui de "seulement" un peu plus de 24 000 infections.

Bien que les autorités sanitaires semblent avoir jugulé l’épidémie, elles redoutent actuellement un rebond car le pays vient de célébrer l’une de ses plus grandes fêtes nationales : la fête des moissons. Chaque année pour Chuseok, 51 millions de Sud-Coréens regagnent leur ville natale afin de rendre hommage à leurs ancêtres, de jouer à des jeux traditionnels et de partager un copieux repas en famille constitué de songpyeon (de la pâte de riz en forme de demi-lune farcie de haricot rouge) et de Jeon (de délicieuses galettes à base de légume et de fruits de mer). Mais les règles de distanciation sociale se sont plus que jamais faites sentir au pays du matin clair pendant ces cinq jours de congés.

L’ambiance était forcément moins conviviale avec la rude bataille menée par les autorités sanitaires pour empêcher les foyers d’infections sporadiques. Mesures anti-coronavirus obligent, le gouvernement a appelé la population à rester à la maison. Selon un sondage, trois habitants de Séoul sur quatre ont décidé de ne pas se rendre dans leur région natale. Pour décourager les déplacements et ainsi prévenir d’éventuelles infections de masse, les autorités ont appliqué de nouvelles mesures dissuasives. Les consommations sur place étaient interdites dans les aires de repos et, contrairement aux autres années, les péages sont restés payants. L’argent collecté sera d’ailleurs entièrement consacré à la lutte contre le Covid-19.

Les Sud-Coréens auront droit à une autre période de repos de trois jours, de vendredi à dimanche, pour célébrer cette fois la proclamation de l'alphabet coréen (hangeul). Et avant de savoir quelles seront les conséquences de ces congés, le pays a désigné une période de restrictions anti-coronavirus renforcées de deux semaines avec notamment l’interdiction des rassemblements en intérieur de plus de 50 personnes à l’échelle nationale et la fermeture de tous les établissements à haut risque tels que les bars ou les discothèques dans la zone métropolitaine de la capitale. Même s’il est extrêmement rare de croiser une personne sans masque en Corée du Sud, le gouvernement enfonce le clou en imposant, dès le 13 novembre prochain, une amende de 100 000 wons, soit environ 73 euros, pour non-port du masque dans les espaces publics et les transports en commun.

Une lente remontée en Suède où le masque n'est toujours pas obligatoire

La Suède a beaucoup fait parler depuis le début de cette crise du coronavirus. Quand les autres confinaient leur population, les autorités se contentaient de recommandations, et quand le masque est devenu obligatoire dans de nombreux pays, elles continuent de ne pas le recommander.

Plutôt que d’une vague, il serait plus juste de parler d’une lente remontée qui a commencé à la toute fin du mois d’août, donc plus tard qu’ailleurs, et qui ne concerne que la courbe des contaminations (de 1 000 à 3 000 cas par semaine) et celle des malades en soins intensifs (de 12 à 24). Un chiffre si bas qu’il est difficile, selon les autorités de santé, de dire s’il s’agit d’une véritable tendance ou d’une hausse temporaire. Pour les épidémiologistes, en tout cas, cette évolution plus lente serait due au fait que la Suède n'a pas subi le choc du déconfinement - puisqu’elle n’a pas confiné -  et qu’elle bénéficie d’une immunité plus importante de sa population. Une immunité qui n’est pas assez élevée pour arrêter l’épidémie mais suffisante pour la ralentir.
       
Les autorités n’ont pas réellement pris de mesures nouvelles mais ont fait quelques ajustements qui sont surtout des appels à la responsabilité individuelle ou familiale. L’indemnisation pour que les personnes à risque puissent rester à la maison, quand elles ne peuvent pas télétravailler, a été prolongée. Depuis le 1er octobre, il est aussi demandé aux personnes qui vivent dans le même foyer qu’un malade du Covid-19 de rester chez elle pendant une semaine. Mais on ne parle toujours pas de recommander le masque, et encore moins de fermer les bars ou d’autres commerces.

L’Italie traumatisée ne connaît pas de seconde vague

L’Italie, durement touché au début de l’épidémie, s'en sort mieux que ses voisins dans la lutte contre la pandémie de Covid-19. Il y a en moyenne 2 500 cas en 24 heures et 300 personnes "seulement" en soins intensifs. Cela s’explique pour plusieurs raisons, et notamment par le respect des règles tout simplement. Depuis le début, les Italiens ont suivi les instructions et le confinement a été plus dur dans le pays qu'ailleurs en Europe. Il a duré plus longtemps et la sortie du confinement s'est faite progressivement.

Les gestes barrières sont aussi déjà bien ancrés. Par exemple, le masque a toujours été porté dans les lieux clos et quand les foyers se sont multipliés lors des fêtes en soirée cet été, il est devenu obligatoire partout en Italie même en extérieur à partir de 18 heures. Si les Italiens suivent les consignes c'est aussi parce que beaucoup ont été traumatisés. L’Italie est le premier pays d'Europe touché, et l'image des cercueils de Bergame, emportés par des camions militaires parce qu'il n'y avait plus de place dans les cimetières, sont restés dans les mémoires.
 
Un traumatisme qui amène aussi l'Italie à beaucoup anticiper. Le port du masque devrait devenir obligatoire partout et tout le temps. Les contrôles dans les rues devraient être encore renforcés. Ceux dans les aéroports ou les ports n'ont jamais cessé, et il y a même des tests rapides à l'aéroport de Rome depuis plusieurs semaines déjà. Le traçage est répandu dans le pays, il faut remplir des questionnaires partout et même dans certains restaurants avant de dîner. Enfin, à l'école et à l'université, il y a peu de cas car le protocole est très strict : les enseignants ont été testés, les enfants portent un masque à partir de 6 ans et les classes sont divisées par deux. Mais il est vrai que cela fait à peine deux semaines que les Italiens ont repris les cours.

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