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Covid-19 : quelles conséquences pour les réfractaires à la vaccination aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande et en Suède ?

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction les Etats-Unis, la Nouvelle Zélande et la Suède pour voir ce que l'on risque si l'on refuse le vaccin contre le Covid-19.

Article rédigé par franceinfo - Gregory Philipps, Gregory Plesse et Frédéric Faux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 8min
Des automobilistes passent devant un panneau annonçant des doses du vaccin contre le Covid-19 de Pfizer disponible, à Cal State Los Angeles en Californie, le 3 mai 2021. (FREDERIC J. BROWN / AFP)

En France, la couverture vaccinale contre le Covid-19 du personnel hospitalier pose question. "On est loin de la couverture vaccinale", a déploré lundi 3 mai sur franceinfo Florence Braud, membre de la Fédération des associations d’aides-soignants. Direction les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et la Suède pour voir quelles sont les règles concernant l’obligation ou non de la vaccination.

Aux États-Unis, le flou demeure sur l'obligation 

Le pays a franchi la barre des 105 millions de personnes totalement vaccinées mais le débat subsiste sur l’obligation ou non de se faire vacciner, avec notamment le cas d'une infirmière de Houston au Texas, qui refuse pour l’instant le vaccin contre le Covid-19. Elle s’appelle Jennifer Bridges, et est l’une des 26 000 salariés du Houston Methodist Hospital, le plus important au Texas, et comme à ses collègues, la direction de l’hôpital lui a donné jusqu’au 7 juin pour se faire vacciner, au nom de la sécurité des patients et des autres personnels. Mais l’infirmière refuse pour l’instant, elle explique qu’elle n’est pas prête, et la direction de l’hôpital menace de la mettre en pied dans un premier temps puis de la licencier.

La loi fédérale aux États-Unis ne précise pas si une entreprise peut obliger ou non un salarié à se faire vacciner mais la situation est différente d’un État à l’autre, c'est donc le flou autour de cette question. Le Bureau fédéral de lutte contre les discriminations au travail a en tout cas été saisi de plusieurs cas et a déjà notifié qu’un employé, sur cette question du vaccin, doit respecter les convictions religieuses du salarié ou d’éventuelles contre indications médicales. En tout cas, de plus en plus d’entreprises américaines veulent rendre le vaccin obligatoire. Un géant de la viande dans le Colorado ne recrute plus que des travailleurs vaccinés. La compagnie United Airlines réfléchit aussi a rendre la vaccination obligatoires pour tous ses salariés, même si elle n’a pas fait d’annonce pour l’instant. À New York, plusieurs restaurants aussi recrutent des serveurs ou du personnel de salle a conditions qu’ils présentent une carte de vaccination.

Il existe aussi des entreprises ou des collectivités prêtes à payer les gens pour qu’ils aillent se faire vacciner ou en tout cas les récompenser ce qui est très américain. La chaine de supermarché Target offre un trajet de 30 dollars à ses salariés pour aller jusqu’au centre de vaccination le plus proche. En Californie, une entreprise qui fabrique des jus de fruits offre 500 dollars à ses salariés vaccinés. Dans le Maryland, le gouverneur un peu moins de 100 dollars à ses fonctionnaires qui se feront vacciner dans les prochains jours. Encore plus original, l’État du New Jersey offre à tous ceux qui ont plus de 21 ans qui se feront vacciner en mai, une bière. Le programme s’appelle "A shoot and a beer" [une piqûre et une bière], et il est en partenariat avec plusieurs brasseries locales

En Nouvelle-Zélande, des douaniers licenciés pour avoir refusé la vaccination

Ce pays d’Océanie est l’un des pays au monde qui a le mieux gère la crise du coronavirus Mais pour obtenir de tels résultats, il a fallu prendre des mesures drastiques. Neuf fonctionnaires viennent d’être licencies parce qu’ils avaient refuse de se faire vacciner contre le Covid-19. Il s’agit d’agent des douanes, qui assurent le contrôle des frontières. Or depuis mars 2020, les frontières de la Nouvelle-Zélande, comme en Australie, elles sont fermées. Et alors que ça fait déjà des mois qu'il n’y a plus aucun cas de transmission locale du virus en Nouvelle-Zélande, les rares porteurs qui sont recenses, ce sont des personnes qui arrivent de l’étranger, avec qui ces agents des douanes doivent interagir. La Première ministre Jacinda Ardern avait promis que la vaccination ne serait pas obligatoire, et que dans ce genre de situation, les employés qui refusent de se faire vacciner seraient réaffectés, dans d’autres services moins exposés. Sauf que ces neuf personnes n'ont pas pu être reclassées, elles ont donc été licenciées.

Du côté de l'Australie au niveau fédéral, la règle est que la vaccination n'est pas obligatoire. Les États, en revanche, peuvent décider du contraire, au moins pour certaines catégories de personnes. C’est par exemple le cas dans l'État du Victoria, ou se trouve la ville de Melbourne pour l’ensemble du personnel travaillant sur l programme de quarantaine, qui consiste a placer systématiquement toutes les personnes arrivant de l’étranger dans des chambres d’hôtel pendant deux semaines. Ici aussi en cas de refus, la sanction, c'est le licenciement. C'est aussi le cas dans l'État du Queensland, au nord-est du pays, où la vaccination est également obligatoire pour l'ensemble du personnel soignant. La compagnie aérienne Qantas, avait été la première a annoncer quelle exigerait un certificat de vaccination a ses passagers quand elle reprendra les vols a l’international. On peut donc supposer, sans risquer de se tromper, que le personnel navigant aussi, devra être obligatoirement vacciné pour voyager, et donc pour travailler.

En Suède, une amende pour avoir refusé de l’AstraZeneca

Cela se passe à Kalmar, dans le sud du pays : un couple a écopé d’une amende, parce qu’il n’a pas voulu se faire vacciner. Staffan Lägerstrom, un septuagénaire, conteste auprès du médiateur de sa ville l’amende de 20 euros qu’on va lui envoyer, plus 20 euros pour sa femme. Motif : il s’est rendu à son rendez-vous pour se faire vacciner, et a fait demi-tour pour éviter de recevoir une dose d’AstraZeneca.

En Suède, en effet, on ne connaît la marque du vaccin qu’une fois assis dans le fauteuil du médecin, prêt à se faire piquer. Mais pour le couple de plaignants, contraindre quelqu’un à acquérir un produit que l’on ne découvre qu’au dernier moment, est illégal. On ne sait pas combien de personnes jusqu’à maintenant ont reçu une amende car beaucoup ont dû la payer sans rien dire mais la région de Kalmar confirme bien que cela concerne ceux qui ne se présentent pas au rendez-vous, quel que soit le vaccin d’ailleurs, pour éviter les gaspillages et les pertes de temps.

Cette affaire illustre la méfiance envers ce vaccin dont les effets secondaires très rares, ont été constatés ici sur quatre personnes, quatre femmes, dont deux sont décédées. Les autorités ont contribué à la confusion. Il a d’abord été destiné aux moins de 65 ans, puis suspendu, avant d’être réautorisé, pour les plus de 65 ans cette fois. La Suède a déjà dû rallonger par deux fois son programme de vaccination, qui va plus lentement que prévu. Mais pas sûr qu’une amende de vingt euros suffise pour convaincre les Suédois d’adopter l’AstraZeneca.

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