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En Pologne, au Portugal et en Scandinavie, la qualité de l’air en question après la publication d’un rapport

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction la Pologne, le Portugal et la Scandinavie, bons et mauvais élèves en terme de qualité de l'air, selon un rapport de l'Agence européenne pour l’environnement.

Article rédigé par franceinfo - Sarah Bakaloglou, Pierre Bénazet et Marie-Line Darcy
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7min
Lisbonne, le 5 avril 2021. (PATRICIA DE MELO MOREIRA / AFP)

Le dernier rapport de l’Agence européenne pour l’environnement sur la qualité de l’air classe 37 pays et territoires. Selon le rapport 75% des Européens sont exposés à des niveaux trop élevés de particules fines et autres polluants. Mais les Européens ne sont pas tous logés à la même enseigne.

Les Scandinaves moins exposés que les autres

Parmi les pays concernés se trouvent les cinq pays de la Scandinavie au sens large, Danemark, Suède et Norvège mais aussi Islande et Finlande. Selon le rapport, les Scandinaves sont ceux qui sont le moins exposés.

Les 85 000 habitants d’Umeå, la plus grande ville du nord de la Suède sont sur la première marche du podium pour la meilleure qualité de l’air en Europe devant ceux de Tampere en Finlande, sur l’autre rive du golfe de Botnie. Dans le haut du classement, les villes scandinaves représentent la moitié des vingt villes où l'on respire le mieux en Europe. Et sur les 37 pays ou territoires examinés, la Suède arrive à nouveau première. Les cinq pays de la Scandinavie étendue figurent tous dans les neuf premiers, aux côtés d’ailleurs de pays qui se trouvent tous dans la moitié nord de l’Europe.

Le rapport examine principalement la surexposition à cinq types de dangers sanitaires et les Scandinaves ne sont exposés qu’à deux d’entre eux à des niveaux supérieurs aux normes européennes. D’abord les particules ultrafines et uniquement en Norvège et en Suède, à des niveaux infimes. 0,2% des Suédois sont ainsi exposés contre 82% des Polonais. Ensuite le dioxyde d’azote pour Norvège, Suède et Finlande et seulement jusqu’en 2017 mais c’est terminé aujourd’hui. A peine 0,5% des Finlandais y étaient alors exposés. Pour les trois autres (benzopyrène, l’ozone et les particules fines), les Scandinaves vivent tous en-dessous des seuils d’alerte. Islande et Danemark ne dépassent aucun niveau limite.

On explique cette différence entre la Scandinavie, voire l’ensemble des pays nordiques et le reste de l’Europe, par, d’une part, une amélioration récente, avec une baisse du taux de polluants dans l’air qui est apparemment liée à des politiques environnementales strictes depuis plus de vingt ans. Mais il y a aussi le fait que la Scandinavie est éloignée des principaux bassins industriels européens. Ajoutons à cela que l’ozone est toujours plus concentré dans les pays les plus ensoleillés. Pour bien respirer il vaut mieux vivre en Scandinavie et l’Agence européenne pour  l’environnement, soit dit en passant, a elle-même son siège à Copenhague.

La Pologne, ce mauvais élève

La Pologne est un pays habitué à être pointé du doigt pour ses villes très polluées. Le rapport de l’Agence européenne pour l’environnement intervient alors qu’il y a quelques jours, cinq citoyens Polonais ont porté plainte contre l’État pour "inaction climatique".

Parmi eux, on trouve par exemple un agriculteur, une propriétaire d’une entreprise éco-touristique, un Polonais qui possède une forêt ou encore une lycéenne et militante pour le climat. Des citoyens et citoyennes qui ont décidé de poursuivre l’État polonais pour deux raisons : sa politique climatique pas assez ambitieuse, et son échec à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les plaignants, représentés notamment par l’ONG Client Earth, ne demandent pas une compensation financière, mais veulent que le gouvernement réduise ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 60% d’ici 2030, et que la Pologne atteigne la neutralité climatique d’ici 2043. Des demandes encore plus ambitieuses que les objectifs de l’Union européenne, puisque l’Union européenne veut atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. C’est ce à quoi elle était engagée fin décembre. Un accord entre tous les pays européens sauf un : la Pologne.

La Pologne reste en effet encore très attachée au charbon, puisque près de 70% de son électricité en provient. Le pays a prévu de fermer sa dizaine de mines d’ici 2049. C’est bien trop tard selon les ONG environnementales, dans un pays où les Polonais sont encore nombreux à se chauffer grâce à des poêles à charbon, très polluants. On estime que le smog, ce nuage de pollution atmosphérique, tue plus de 40 000 personnes par an.

De notables progrès au Portugal

Le Portugal a fait des progrès en matière de développement durable. Lisbonne a ainsi été l’an dernier capitale verte européenne, première capitale du sud européen à être distinguée. Manque de chance pour Lisbonne, 2020 est l’année de l’apparition du Covid-19, et beaucoup d’événements liés à la capitale verte n’ont pas eu lieu. La capitale avait mis en avant ses progrès, comme 76% de ses habitants vivant a 300 mètres d’un transport public et autant à 300 mètres d’une zone verte. La ville s’est aussi engagée pour 2030, autant dire demain, à réduire de 60% ses émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre. Pour vaincre l’ennemi, il faut le connaître : Lisbonne vient donc d’investir 350 000 euros dans la constitution d’un réseau de 658 capteurs et 80 stations de mesures de la qualité de l’air, de nuisances sonores et des microclimats urbains. Et c’est inédit.

Au contraire de Funchal la capitale de Madère, bien située dans le classement européen de la qualité de l’air, Lisbonne n’est pas une île au milieu de l’océan. Quelques 500 000 personnes font la navette chaque jour entre la périphérie et le centre, autant que la population intra muros de la ville. Une pression urbaine que le maire Fernando Medina a voulu réduire en interdisant la circulation particulière dans la Baixa, le centre-ville. Tollé de protestations et projet interrompu par la covid. Le maire s’est engagé à planter 100 000 arbres le bilan n’est pas encore connu. Le parc urbain de Saldanha, en revanche, est abouti. Un poumon vert qui a reçu le nom d’un précurseur de l’environnement, le visionnaire Ribeiro Telles. Les élections municipales auront lieu en octobre prochain.

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