Guerre entre Israël et la Hamas : Quels rôles peuvent jouer l'Iran et la Turquie pour favoriser la libération des otages internationaux
La Thaïlande est un pays de taille géopolitique modeste, peu habitué à se retrouver au cœur de crises internationales de cette ampleur. Le gouvernement thaïlandais déploie ses efforts pour négocier la libération de 19 otages retenus dans la bande de Gaza. Le pays mise sur sa neutralité dans le conflit israélo-palestinien et le rapprochement avec certains pays musulmans influents dans la région comme l'Iran.
L’ambassadeur d’Iran en Thaïlande a d'ailleurs affirmé que le président iranien Ebrahim Raïsi avait rencontré il y a quelques jours au Qatar le leader du Hamas, Ismael Haniyeh. Celui-ci aurait déjà donné son accord pour libérer les otages thaïlandais et philippins. "Les efforts sont déployés, mais le problème c’est qu’ils ne parviennent pas à les sortir de Gaza. À chaque fois qu’ils essaient de déplacer des otages, ils sont bombardés, il est temps pour le gouvernement thaïlandais et pour les peuples du monde entier d’exiger que le gouvernement d’Israël cesse le génocide en Palestine afin de permettre aux otages de rentrer sains et saufs chez eux", a déclaré, Seyed Reza Nobakhti, l'ambassadeur d'Iran en Thaïlande.
La Thaïlande compte aussi sur le soutien des pays arabes
Le Premier ministre thaïlandais est tout juste de retour d’Arabie saoudite, un pays avec lequel la Thaïlande avait cessé toutes relations diplomatiques pendant près de trente ans à cause d’une affaire de diamant volé, et avec lequel elle vient de reprendre des relations politiques puis 2022 en complément d’une importante coopération économique. L’Arabie saoudite a ouvert son espace aérien à la compagnie nationale Thai Airways et les autorités du pays assurent qu’elles feront tout en leur pouvoir pour la libération des otages thaïlandais.
Le point clé de la stratégie thaïlandaise est donc de garder une position la plus neutre possible, contrairement à l’approche des pays occidentaux. Elle n'a en effet pas effectué de condamnation des attaques du Hamas, et n'a pas déclaré son soutien à Israel. Le premier ministre thaïlandais évite soigneusement toute déclaration politique sur le conflit et affirme que des connexions personnelles seront utilisées pour faire sortir les otages et souligne l’aspect ultra-confidentiel de ces négociations.
Recep Tayyip Erdogan, un contact privilégié du Hamas
La Turquie ne s'en cache pas, elle a depuis longtemps de bonnes relations avec la branche politique du mouvement islamiste palestinien, qu’elle ne considère pas comme un groupe terroriste. Le Hamas dispose d’ailleurs de bureaux et de représentants dans le pays.
Dès le début des affrontements, la Turquie a fait savoir qu’elle discutait avec le Hamas de la question des otages civils et de leur libération. Ce sont des contacts à tous les niveaux, y compris au plus haut niveau puisque ce week-end encore, le président Erdoğan a eu un échange téléphonique avec Ismaïl Haniyeh, le chef du bureau politique du Hamas. Le communiqué de la présidence turque ne mentionnait pas la question des otages, mais on se doute que le sujet a été abordé.
La Turquie, un intermédiaire du monde occidental
Le 15 octobre, le quotidien américain The Wall Street Journal affirmait que plusieurs pays avaient contacté la Turquie pour essayer d’identifier et de faire libérer leurs ressortissants détenus par le Hamas. Cette information a ensuite été confirmée par Hakan Fidan, le chef de la diplomatie turque, qui a d’ailleurs joué un rôle clé dans le développement des liens avec le Hamas à l’époque où il dirigeait les services de renseignement turcs. La ministre allemande des Affaires étrangères a aussi évoqué ce rôle d’intermédiaire auprès du Hamas de la Turquie, mais aussi de l’Égypte, pour faire libérer les otages.
Ankara met en avant son rôle passé dans des échanges de prisonniers entre la Russie et l’Ukraine, tout en sachant que la situation actuelle est très différente. Elle sait aussi que si elle parvient à jouer un rôle dans la libération de plusieurs civils israéliens et étrangers, cela donnera du crédit à son offre de médiation entre Israël et le Hamas. Cependant, le ton de plus en plus dur de la Turquie à l’égard d’Israël ne la place pas en position de favori pour une éventuelle médiation.
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